domingo, 27 de setembro de 2020

“DisrupTor”: Operação de Limpeza na “Darknet"

Presos 179 traficantes e muitos milhões e ainda dezenas de armas e centenas de quilos de droga aprendidos este é o balanço da recente “operação Disruptor” conduzida pelo FBI, DEA e outros serviços de polícia na “darknet”. Um enorme êxito mas também uma “gota de água” quando comparado com os montantes negociados neste mercado negro da web. Sobre esta operação e os seus significados, o jornal francês ‘Atlantico’ ouviu o nosso amigo Franck DeCloquement.



Arrestations massives sur le Darkweb à travers la planète: est-ce un coup d'arrêt ou un coup d’épée dans l'eau?


Une action internationale a permis l’arrestation de 179 trafiquants, de saisir 500 kg de drogues, pour 6,5 millions de dollars et de crypto monnaies saisies. De nombreuses enquêtes s’appuient sur la surveillance du réseau postal, principale infrastructure d’acheminement de ces cybers-trafiquants.

DECRYPTAGE tECH / Publié le vendredi 25 septembre 2020. © Silas Stein/dpa/picture-alliance / MaxPPP.

- ATLANTICO: L'opération «DisrupTor» a permis de réaliser 179 arrestations liées au trafic de stupéfiants sur le Dark web, dans six pays. Plus de 6,5 millions en liquide et en crypto monnaies, ainsi que 500 kg de drogues ont été saisis à cette occasion. Mais au-delà de ces chiffres très impressionnants, est-ce un véritable coup porté aux trafiquants sur le Darkweb, ou n'est-ce qu'une goutte d'eau dans l’océan des trafics à l’échelle mondiale?

- Franck DeCloquement: C’est de toute évidence un coup très dur porté par l’opération «Disrup Tor» aux trafiquants opérant à travers le Darknet, car il s’agit probablement de l’une des plus grosses saisies mondiales de drogues que vient de réaliser la coalition internationale de services gouvernementaux engagée dans ce dispositif. Tous les détails actuellement disponibles en source ouvertes, proviennent de documents judiciaires mis en ligne par le ministère de la Justice américaine. Ils montrent que les enquêtes dites «postales» sont désormais devenues un axe majeur dans la lutte contre la vente de drogue sur le Darkweb. En plus d’une demi-tonne de drogues, des millions de dollars en liquide et en cryptomonnaies – notamment en bitcoin (BTC) – ont en effet été pris dans les filets des forces de sécurité.

Mais au regard des quantités astronomiques en circulation chaque année et commercialisées par ces réseaux criminels à travers le monde, cela ne demeure qu’un épiphénomène… A titre de comparaison, si les trafiquants de drogue étaient un pays, leur PIB les classerait au 21è rang mondial, juste derrière la Suède. Malgré la répression, l'ONU estime que seuls 42% de la production mondiale de cocaïne est saisie chaque année (23% de celle d'héroïne). les meilleures sources s’accordent à dire que le chiffre d'affaires des drogues dans le monde est estimé entre 300 et 500 milliards de dollars… 

Le trafic de drogue est devenu à ce titre le deuxième marché économique au monde, juste derrière celui des armes, mais devant celui du pétrole. Les profits des petits et grands trafiquants sont immenses. La drogue restant une marchandise prohibée, son commerce est extrêmement lucratif. Le marché de la drogue est celui qui connaît actuellement la plus forte expansion. Ces bénéfices sont eux de l'ordre de 200 milliards de dollars, et le blanchiment d'argent sale de 150 milliards. Comme nous pouvons le constater, les sommes en jeu et les bénéfices sont colossaux. 

Selon le rapport annuel publié en juin 2017 par «l’office des Nations unies contre la drogue et le crime» (ONUDC), la production de cocaïne est en hausse avec une production, un trafic et des saisies à un niveau-record. La consommation de cocaïne semble à la hausse aux États-Unis comme en Europe où «l’analyse des eaux usées de certaines villes signale une augmentation de la consommation de cocaïne de 30 % ou plus entre 2011 et 2016».

Dans le monde, environ 210 millions de personnes – soit 4,8% de la population âgée de 15 à 64 ans – ont consommé des substances illicites au moins une fois au cours des 12 derniers mois. L’usage, qui concerne 0,6% de la population âgée de 15 à 64 ans, s’est globalement stabilisé. Toutefois, la demande de substances non placées sous contrôle international, telles que la pipérazine et la cathinone, a explosé. Par ailleurs, les effets du cannabis sont reproduits par des cannabinoïdes de synthèse connus sous le nom de «Spice». Globalement, les drogues tuent quelque 200 000 personnes chaque année, et placent des millions d’autres individus sous dépendance partielle ou totale.

En résumé, que recoupe au juste cette opération coup de poing? Sous la houlette du «Joint Criminal Opioid and Darknet Enforcement » (JCODE), l’opération «DisrupTor» vient de se conclure par la saisie massive de produits stupéfiants divers et variés. Comme le rapporte un communiqué du département de la justice américaine (DOJ), les drogues saisies étaient notamment de l’oxycodone, de l’hydrocodone, du fentanyl, de la méthamphétamine, de l’ecstasy, de la MDMA, de l’héroïne et de la cocaïne… En plus des drogues, 63 armes à feu détenues illégalement ont été saisies. Ainsi que d’importantes sommes en liquide et en cryptomonnaies, notamment en bitcoin (BTC). Parmi les réseaux de drogues démantelés, celui basé en Californie détenait, à lui seul, 1,6 million de dollars de cryptoactifs… 

Les arrestations ont eu lieu aux États-Unis (121), en Allemagne (42), aux Pays-Bas (8), au Royaume-Uni (4), en Autriche (3) et en Suède (1) selon les informations transmises.

Cette opération spéciale de «nettoyage» du Darknet a vu une vingtaine de services de police et de surveillance se coaliser tout autour de la planète. La liste est naturellement beaucoup trop longue pour être énumérée ici, mais l’on y retrouve notamment le FBI, la DEA (Drug Enforcement Administration), l’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, and Firearms), côté américain, mais aussi Europol et divers services de police nationaux du côté des Européens. Cette traque internationale a été engagé après la chute du marché noir «Wall Street Market» en mai 2019. Ce dernier était d’ailleurs tombé lors d’une précédente intervention coordonnée des forces de l’ordre, appelée «SaboTor».

- ATLANTICO: Le Darkweb est-il toujours cette plaque tournante des trafics qu'il a été par le passé, ou le vestige d’une forme de cybercriminalité désormais dépassée?

- Franck DeCloquement: Résumons: Qu’est-ce que le Darkweb? En quelques mots le «Darkweb», c’est l’ensemble des pages internet introuvables via les moteurs de recherche classiques comme Chrome. Il s’agit d’une sorte de sous-ensemble d’Internet accessible via des logiciels spéciaux, «Tor» étant l’un des plus connus et qui permet de communiquer, d’échanger et d’acheter de façon anonyme des produits illégaux. Pour y accéder, il faut procéder à tout un protocole qui n’est pas sans risque pour les ordinateurs, les connexions internet et les âmes sensibles. On reconnaît en outre ces pages «non indexées» sur les moteurs de recherche classiques, au: «.onion» inscrit à la fin de leur adresse…

Pour répondre à votre question, et à en croire une très récente déclaration d’Europol: «L’Âge d’or du marché du Darkweb serait révolu. De telles opérations mettent en évidence la capacité des forces de l’ordre à lutter contre le chiffrement et l’anonymat des marchés de l'ombre. La police ne se contente plus seulement de démanteler ces magasins illégaux — elle poursuit également les criminels qui achètent et vendent des produits illégaux sur ces sites». Les échanges et les ventes s’y font donc dans un «très relatif anonymat », et avec une cryptomonnaie comme le bitcoin, qui est finalement assez aisément traçable...

Le Darkweb demeure donc l’un des outils utilisés pour opérer des trafics criminels. Mais il en existe bien d’autres. Certains vendeurs de produits illégaux passent par des plateformes de vente qui se présentent comme n’importe quel site marchand légal. Sauf qu’au lieu de proposer les derniers blockbusters musicaux ou les derniers films sortis en DVD, le site propose différentes drogues classées selon leur origine, leur pouvoir euphorisant et avec la possibilité pour les acheteurs de laisser jusqu’à des avis et des commentaires, comme sur n’importe quel type de sites marchands…

Lorsqu’il a commencé à être développé, le Darkweb servait bien entendu à des hackers, à des anarchistes, mais pas uniquement… Toutes les internautes qui circulent sur le Darkweb ne l'utilisent pas forcément à des fins illégales, ou avec des arrières-pensées criminelles. Il y en a aussi des utilisateurs qui veulent simplement «circuler masqués» aux yeux des services de renseignements pour des raisons de vie privée, ou de lutte idéologiques dans le contextes d’Etats faillis, dictatoriaux ou autoritaires. Il sert notamment dans certains pays à des fins de communication entre journalistes et aux opposants politiques.

Le «Darkweb» est différent du «Deepweb» avec lequel on le confond souvent par amalgame: toutes les pages non référencées par Google ne font pas partie du Darkweb (ou Darknet). En fait, le Darknet n’est qu’une toute petite partie de toutes les pages non indexées, qui elles sont appelées le «Deepweb». Et ce «Deepweb » n'implique pas forcément «l'illégalité». Par exemple, nos données bancaires ne sont pas référencées par Google, mais nous donnent tout de même accès à nos comptes en ligne. C'est un exemple de pages «non référencées» qui fait partie du «Deepweb», et qui sont pourtant sûrs.

- ATLANTICO: Y-a-t-il eu des changements de méthodes dans la lutte contre ces trafics de substances illicites, utilisant comme support les nouvelles technologies ou les ressources du web ? Que devraient faire les autorités internationales afin de lutter contre les trafics internationaux sur la toile, à plus large échelle?

- Franck DeCloquement: Pour reprendre opportunément les paroles prononcées par Edvardas Šileris, le chef du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol: «les services de répression sont plus efficaces lorsqu’ils travaillent ensemble». Cette opération demeure un message fort à destination des criminels qui vendent ou achètent des biens illicites sur le Darknet: «l’Internet caché n’est plus aussi caché, et votre activité anonyme n’est plus anonyme…» réplique encore Edvardas Šileris. Car au-delà des révélations faites autour de ce gigantesque coup de filet, de nombreuses enquêtes concernant bien d’autres suspects seraient toujours en cours d’investigation par cette coalition internationale.

Beaucoup de réseaux criminels assimilent à tort – et sans aucun jeu de mot de notre part – les cryptomonnaies à une sorte «d’argent liquide» de l’Internet. Ce qui est naturellement très loin d’être le cas en réalité. Les transactions dans les registres distribués des blockchains comme celle de Bitcoin sont forgées dans le «marbre digital». Et il suffit bien souvent que l’adresse de wallet d’un trafiquant soit identifiée une seule fois, pour pouvoir ensuite retracer toutes ses activités, permettant ainsi de remonter de nombreuses pistes. Gageons que les nouveaux modes d’action ne sont naturellement pas tous éventés par les services de sécurité en charge de la lutte contre ces types de criminalités instrumentalisant les moyens offerts par nos écosystèmes digitaux.

Franck DeCloquement pour ATLANTICO, sur une proposition originale de Guilhem Dedoyard. 

Franck DeCloquement
est praticien et expert en intelligence économique et stratégique (IES). Membre fondateur du Cercle K2 et ancien de l’Ecole de Guerre Economique de Paris (EGE), il est en outre professeur à l'IRIS (Institut de Relations internationales et stratégiques) en "Géoéconomie et intelligence stratégique". Il enseigne également la "Géopolitique des médias" en Master 2 recherche "Médias et Mondialisation", à l'IFP (Institut français de presse) de l'université de Paris II Panthéon-Assas. Franck DeCloquement est aussi spécialiste sur les menaces Cyber-émergentes liées aux actions d'espionnage économique et les déstabilisations de nature informationnelle et humaine. Il est en outre intervenu pour la SCIA (Swiss Competitive Intelligence Association) à Genève, aux assises de la FNCDS (Fédération Nationale des Cadres Dirigeants et Supérieurs), à la FER (Fédération des Entreprises Romandes à Genève) à l’occasion de débats organisés par le CLUSIS - l'association d’experts helvétiques dédiée à la sécurité de l'information - autour des réalités des actions de contre-ingérence économique et des menaces dans la sphère digitale.

terça-feira, 22 de setembro de 2020

Angola: Miala 'Grande Patrão' dos 'Serviços'

Até agora responsável da segurança interna, o General Miala prepara uma profunda reforma dos "serviços" angolanos que, segundo o Africa Intelligence, o colocará, de facto, à cabeça de todo o aparelho securitário angolano... 

Recorde-se que Miala foi, em 2006, demitido de director dos Serviços de Inteligência Externa (SIE) por José Eduardo dos Santos que não indicou razões para essa decisão mas que, segundo boas fontes, terá sido motivada pelo facto de Miala se ter mostrado preocupado com "desvios dos dinheiros vindos da China". Na sequência, Miala foi levado a tribunal e condenado, tendo cumprido uma pena de quatro anos de prisão.

Onze anos depois, em Março 2018, o presidente João Lourenço promoveu Miala a general e nomeou-o chefe do  Serviço de Inteligência e Segurança do Estado, a segurança interna. Agora, o chefe do SINSE tem a ciclópica tarefa de reformar e reformular todo o vasto aparelho herdado dos obscuros tempos de "Zedu"...

Miala e João Lourenço, exemplo de comentários no Facebook

sexta-feira, 18 de setembro de 2020

Perspectivas Estratégicas para o Sector de Construção e Reparação Naval em Portugal


Não foi certamente por acaso que a Expo’98 foi centrada sobre o tema 
“O Oceano, O Nosso Futuro”. 

Portugal tem um enorme potencial estratégico e tem o engenho e a arte necessários. Contudo não tem sido capaz de visionar cenários de mudança, nem tem sido capaz de mobilizar os necessários actores para promover essa mudança e para promover o bom diálogo estratégico, essencial para que tal mudança fundamental aconteça. Para superar esta situação, aqui se aponta o conjunto de vetores estratégicos que Portugal deverá promover e as necessárias ações a desenvolver para tal.



Uma visão geopolítica 

País europeu, Portugal é também e, simultaneamente, um país atlântico. Pequena potência, considerada semiperiférica, Portugal tem ainda uma outra característica geopolítica que pesou sempre decisivamente sobre a formulação da sua política externa: tem uma só fronteira terrestre e, consequentemente, viveu sempre sob um equilíbrio geopolítico instável entre o continente e o mar. 

Esta característica ímpar, ainda que de certa forma esquecida mas sempre em curtas ocasiões (quando prevalecem as opções continentais), faculta a Portugal um lugar cimeiro que extrapola a sua dimensão física e populacional junto dos seus pares ocidentais.

Queiramos ou não, os destinos de Portugal estarão inevitavelmente sempre ligados à África (Angola em particular) e ao Brasil.Nesta arena, somos um país membro da União Europeia, o que é por si uma considerável vantagem. Mas somos também muito mais do que isso.

Somos um país europeu que partilha uma língua mundial. Somos um país com uma cultura que se cruzou ao longo da história com tantas outras culturas e que, por isso, tem capacidade e obrigação de as saber compreender e com elas cooperar.

Por outro lado, o espaço geopolítico português, não se confina apenas a Portugal continental (com uma área de aproximadamente 89.000 km2), sendo igualmente composto por um relevante espaço marítimo (e aéreo), e por um espaço insular constituído pelos arquipélagos dos Açores e da Madeira (com cerca de 3.000 km2).

No seu todo, o espaço geopolítico português - tendo um lado nos Açores, um na Madeira e outro em Portugal continental - sugere uma configuração em forma de triângulo.

Portugal é aliás farto em triângulos estratégicos, ou triângulos de expectafiva estratégica.

É então ao conjunto formado por estas três parcelas de território português que se pode aplicar a expressão triângulo estratégico português.

Assim considerado, Portugal é um país enorme, com uma área marítima 18 vezes superior à área terrestre, dotado de um importante potencial geoestratégico, capaz de reforçar a sua capacidade de afirmação e intervenção internacional. Se de facto na Europa somos periféricos, a nossa centralidade atlântica concretiza-se face aos quatro pontos cardeais e permite-nos valorizar a nossa posição na charneira entre Norte e Sul, Leste e Oeste, Atlântico e Mediterrâneo, Europa, África e América.

Até porque, neste momento, Portugal possui uma área de soberania sobre uma área marítima de cerca de 1,8 milhões de Km2, estando aqui incluídas as águas interiores, o mar territorial e a zona económica exclusiva. O que corresponde a cerca de 18,7 vezes a área terrestre nacional. Adicionalmente, e caso a proposta de extensão da plataforma continental seja aprovada, Portugal ganhará soberania sobre 4 milhões de Km2 de território, uma área rica em recursos vivos e não vivos nomeadamente energéticos, e minerais, susceptíveis de serem explorados. O que está em causa é portanto a capacidade de exploração de recursos energéticos e não energéticos, convencionais ou não, e de metais raros no deep offshore.

Segundo Loureiro dos Santos (2012,26), os EUA encaram o triângulo estratégico português como uma plataforma de apoio à projecção do seu poder militar no espaço europeu, e simultaneamente como uma posição privilegiada passível de controlar as linhas de comunicação que se originem ou se destinem à Europa, ao Atlântico Sul e a África.

Embora seja no Pacífico que se encontram concentrados os poderes emergentes asiáticos (China e Índia), a verdade é que o Atlântico (a sua fronteira Oriental) continua a ser o mar interior da civilização ocidental.

Na verdade, a configuração geopolítica de Portugal coloca-o no caminho das grandes potências” (Loureiro dos Santos 2012,28-29), situação que poderá contornar mediante as alianças com que se escolha comprometer (optando pelas mais vantajosas, como a(s) potência(s) marítima(s) dominante(s) e, no ideal, fazendo parte de alianças de segurança em que sejam parte potências marítimas e potências continentais como é o caso da OTAN), bem como através da organização e capacitação das suas Forças Armadas (em particular a Marinha e a Força Aérea que deverão desempenhar um maior papel como consequência da maior dimensão que o mar português poderá adquirir).

No caso particular do triângulo estratégico português, as ameaças que com ele se relacionam têm a ver com a possibilidade de este se constituir como plataforma de distribuição do tráfico ilícito de drogas, de pessoas (imigração ilegal) e/ou de armas, assim como porta de entrada ou saída para grupos de terroristas; transformando-o em foco de ameaças que é necessário controlar.

Portugal deverá tirar partido da sua posição geopolítica e da dimensão marítima inerente para adquirir um papel proeminente na negociação da agenda internacional dos oceanos e do direito do mar ao nível multilateral, e promover bilateralmente a cooperação na área do conhecimento e tecnologia do mar com os países da CPLP no triângulo lusófono.

A acrescer a tudo isto, é fundamental não esquecer que a península ibérica detém cerca de 40% das infraestruturas europeias de processamento, armazenagem e distribuição de gás natural liquefeito, a que se junta o facto de Sines ser o porto com águas mais profundas da Europa capaz de receber navios de grande porte.

O Conceito Estratégico de Defesa Nacional (segundo parece agora em processo de reformulação) inclui, entre os seus elementos basilares, a valorização da nossa centralidade atlântica e a protecção do nosso amplo espaço marítimo e dos seus recursos. Coloca-se a ênfase no carácter euro-atlântico de Portugal, o qual é gerador de interesses permanentes. Esperemos que assim continue, tal como imutável é a nossa geografia. Esperemos igualmente que tudo o que escrito e aprovado está, possa passar do papel para a realidade, já que tal não aconteceu até agora.

Por tudo isto, pelo menos, o corredor Atlântico é caminho de desenvolvimento estratégico que não se poderá ignorar, e constitui-se como uma enorme janela de oportunidade para que Portugal, e até o espaço da Lusofonia, se possa afirmar como crítico para a segurança global.

Só que, para que tal possa constituir uma real vantagem estratégica, é em primeiro lugar necessário que Portugal se afirme nesse mar.

E como?

Pois, nele navegando simplesmente. E para que nele possa navegar navios são precisos. Civis e militares.

A indústria de construção e reparação naval em Portugal 

Quando confrontados com os números, percebemos as extensas necessidades que Portugal tem em matéria de navios. Seja no domínio da busca e salvamento, do transporte de mercadorias e de passageiros, da investigação científica ou da segurança e defesa, é indispensável que o País possua embarcações que possibilitem o usufruto das potencialidades do Mar Português e, simultaneamente, garantam as condições de segurança naqueles mesmos espaços marítimos.

A segunda metade do século passado proporcionou às empresas do setor do equipamento, reparação e construção naval oportunidades que as colocaram na vanguarda mundial. Apesar da envergadura denotada pelo setor, o fim do monopólio do comércio com as ex-colónias, as convulsões políticas internas, as sucessivas crises económicas, a inadaptação das empresas do setor às exigentes condições de competitividade dos mercados internacionais, a dificuldade que a engenharia naval portuguesa encontrou no financiamento e no desenvolvimento de tecnologia e a ineficaz gestão levaram a que, paulatinamente, este tecido industrial se atrofiasse, conduzindo à atual insuficiência portuguesa .

Apesar das diversas solicitações e necessidades da marinha mercante, da frota pesqueira e da Armada, o setor do equipamento, construção e reparação naval tem vindo a sofrer uma drástica redução nas suas capacidades. Progressivamente as entidades públicas e privadas vêm-se obrigadas a adquirir navios produzidos em estaleiros de outros países. O mais simbólico exemplo disto é a aquisição de quatro navios patrulha costeiros ao Estado Dinamarquês.

Portugal conta com poucas empresas no setor da construção e reparação naval, sendo os maiores o Arsenal do Alfeite, a Lisnave e o Grupo Martifer, agora com os Estaleiros Navais de Viana do Castelo. Para lá destas empresas existe uma miríade de estaleiros de pequena ou muito pequena dimensão. Ou seja, é um sector completamente pulverizado.

Três problemas de fundo existem na nossa indústria de construção e reparação naval. A saber:

· A ausência de massa crítica para competir internacionalmente;

· Os custos de produção demasiado altos para tarefas de reduzido valor acrescentado;

· A falta de especialização.

As terapêuticas para resolver estes problemas são simples, embora esbarrem com ideias feitas, preconceitos e, essa sim pesada herança herdada do salazarismo, justamente a ideia de que tudo se quer pequenino, de que cada português se deve sentir satisfeito com a sua pequena “quinta”. Pequena mas só sua!

Concluindo 

Se a extensão das plataformas continentais é um motor de crescimento das economias, também traz consigo os legados como o da legislação, da regulamentação, da exploração, do aproveitamento e da proteção dos recursos marinhos.

As Nações Unidas são provavelmente o único ator capaz de conseguir apaziguar as reivindicações conflituantes dos diferentes países e conseguir fechar um tratado global para os oceanos. É expectável que o que se passará no Atlântico será bastante menos conflituante do que os plausíveis cenários do Ártico.

A diminuição da presença americana no Atlântico terá necessariamente de ser compensada pela UE, tendo Portugal certamente uma janela de oportunidade, dado que tem investigação pioneira do campo das Tecnologias de Informação em assuntos do mar. É certo que os países emergentes no Atlântico Sul, alguns da CPLP, têm uma palavra a dizer no novo equilíbrio desta parcela, podendo condicionar os interesses europeus na região o que, para Portugal até pode constituir uma oportunidade.

Por outras palavras, Portugal tem um enorme potencial estratégico, e tem o engenho e a arte necessários.

Contudo não tem sido capaz de visionar cenários de mudança, não tem sido capaz de mobilizar os necessários atores para essa mudança e pouco contribui para promover o bom diálogo estratégico, também fundamental para tal mudança fundamental.

ESTRATÉGIA

Todas as observações que antecedem conduzem inevitavelmente ao seguinte conjunto de vetores estratégicos que Portugal deverá promover, desenvolvendo as ações necessárias para tal. É claro que nem tudo compete ao Governo. A este compete sobretudo definir o quadro programático que permitirá dar corpo a tais objetivos, definir o conjunto de incentivos que poderá levar a sociedade civil a enveredar por tais caminhos e, sobretudo, assumir uma clara e inequívoca liderança no sentido de mobilizar a sociedade para tal caminho.

Assim:

· Governo

· Porque se trata de ações multidiscilinares, todo o Governo terá de estar imerso nos problemas decorrentes do lançamento desta estratégia.

· Assumir a liderança da sociedade civil para que esta entenda este caminho como fundamental para o país.

· Definir, em conjunto com a sociedade civil, sem ceder a interesses particulares, todo o conjunto de programas que darão corpo ao cumprimento dos objetivos estratégicos, e dos incentivos que poderão conduzir à adesão.

· Definir um conjunto de incentivos a projectos de I&D nestes domínios

· implementar um cockpit de informação que lhe permita estar permanentente a par do desenvolvimento dos programas em curso.

· Empresas

· As empresas que já operam no sector deverão empreender um esforço de especializaão por áreas de actividade, não multiplicando recursos que poderão não ser completamente aproveitados.

· As empresas que já operam no sector deverão empreender um esforço de consolidação, no sentido de ganhar massa crítica que lhes permita competir no mercado internacional.

· Particularmente as empresas que se dedicam sobretudo à construção naval, deverão ponderar a aquisição ou mesmo o estabelecimento de parcerias com estaleiros de mão de obra mais barata, de modo a que estes possam desenvolver os trabalhos de menor valor acrescentado.

· Consequentemente, tais empresas terão de procurar subir na cadeia de valor, estabelecendo para tal as parcerias necessárias, sobretudo com empresas nacionais.

· As empresas que desenvolvam trabalho simultâneamente.nos sectores civil e militar, deverão procurar que os seus contratos civis se revistam de complexidade semelhante à dos navios militares. Deverão, assim, desenvolver uma forte acão comercial nesse sentido.

· As empresas subcontratantes, fornecedoras de equipamentos deverão igualmente fazer um esforço de desenvolvimento em parceria de equipamentos de produção nacional.

· As Associações representativas do sector deverão desempenhar um papel fundamental na condução de todas estas alterações, junto dos seus associados.

· Armadores

· Os armadores deverão ser sensibilizados para o desenvolvimento e renovação das diversas frotas nacionais, eventualmente com incentivos a definir.

· Financiadores

· A Banca deverá disponibilizar montantes adequados ao financiamento para projetos neste domínio que revelem rentabilidade adequada.

· Cientistas e Institutos de Ciência

· Deverão conduzir projetos em parceria com os estaleiros tendo em vista:

- Aumento da produtividade;

- Definição de novos sistemas e capacidades que possam ajudar os nossos estaleiros a subir na cadeia de valor;

· Deverão preparar-se para iniciar projetos de I&D no sentido do desenvolvimento das acções necessárias ao aproveitamento dos recursos offshore.

· Particularmente, deverão procurar desenvolver um veículo de operação remota (ROV) que permita explorar o deep offshore.

· Deverão igualmente procurar desenvolver um veículo tripulado que permita actuar no deep offshore, nomeadamente na recolha de materiais.

Eu sei que não é politicamente correto terminar desta forma. Mas o facto de estar tão farto, tão cansado, de ver objectivos fundamentais para o desenvolvimento do meu país serem constantemente postergados primeiro, e esquecidos depois, dá−me esse direito.

Agora, desengomem-se, cumpram o nosso destino!

Sérgio Parreira de Campos | 17 Setembro 2020

Deutsche Bank anuncia a "Era da Desordem", uma nova era para a economia, a política e o nosso modo de vida

O relatório de estratégia do DB passou incógnito por Portugal. Ninguém parece tê-lo sequer avistado. Nem políticos, nem empresários, nem economistas, nem politólogos, nem jornalistas... Nem sequer o ‘Correio da Manhã’! Ninguém parece tê-lo avistado. Não há, de facto, pior cego que aquele que não quer ver. Ora, como se pode ver no que segue, o relatório do DB, intitulado “the age of disorder” é de leitura tão desconfortável quanto imprescindível. Para este ‘Deutsche Bank’s Long-Term Asset Return Study 2020’, a era em que entramos “shapes everything from economies to asset prices, politics, and our general way of life.” Por isso, deixa um aviso bem claro: “In the years ahead, simply extrapolating past trends could be the biggest mistake you make”...

Não deixa de ser irónico ver o D.B. (um banco que se afogou nos negócios da "globalização feliz") anunciar agora o que o nosso amigo Christian Harbulot já considerou "la guerre économique mondiale qui risque de se substituer à la mondialisation «heureuse»"...


The Age of Disorder – the new era for economics, politics and our way of life

Deutsche Bank | 09 Set. 2020

The world is on the cusp of a new era that will be characterised initially by disorder with a likely loosening of the globalisation that created the rapid economic and asset price growth of the last 40 years, according to Deutsche Bank’s Long-Term Asset Return Study 2020.


The flagship annual publication argues that 2020 marks the beginning of a new “structural super-cycle” of the kind that “shapes everything from economies to asset prices, politics, and our general way of life.”

The team, led by Strategist Jim Reid, predict an “Age of Disorder” – which is hastened, but not caused by, the corona virus – threatens the current high global asset valuations and will see governments and corporates take on even more debt. 


In terms of geopolitics, tension between the US and China should “characterise the era of disorder” as China continues its path to restoring its historic role as a global economic powerhouse while preferring its own values to Western liberalism.

“A clash of cultures and interests therefore beckons, especially as China grows closer to being the largest economy in the world,” the report says.

Age of Disorder – specifically the next 10 years - could also be “a make-or-break decade for Europe”, the report says, arguing that the chances of muddling through for Europe have decreased and while the potential for further integration has increased with the recent Recovery Fund, the economic divergences will likely increase further and cause more stress points post-Covid.

The eight themes that will define the Age of Disorder are:

1. Deteriorating US/China relations and the reversal of unfettered globalisation.

2. A make-or-break decade for Europe.

3. Even higher debt and MMT/helicopter money becoming mainstream.

4. Inflation or deflation?

5. Inequality worsening before a backlash and reversal takes place.

6. The intergenerational divide widening.

7. The climate debate will build.

8. Technology revolution or bubble?

The report examines the current situation - The second era of globalisation (1980-2020?) – describing it as “the best combined asset price growth of any era in history, with equity and bond returns very strong across the board. It’s unlikely that the Age of Disorder can see such performance maintained, especially in real terms.”

But the report concludes: “In the years ahead, simply extrapolating past trends could be the biggest mistake you make”.

The full report is available only to Deutsche Bank Research subscribers and can be accessed here. If you are not a subscriber please contact your Deutsche Bank Sales representative.

https://www.db.com/newsroom_news/2020/the-age-of-disorder-the-new-era-for-economics-politics-and-our-way-of-life-en-11670.htm

quinta-feira, 17 de setembro de 2020

Contra as ameaças turca e iraniana, Árabes sunitas viram-se para Israel

O Médio Oriente, nas últimas duas décadas, tem sido varrido por uma verdadeira "chaos operation" que altera radicalmente a realidade geopolítica herdada do século XX. 

Aspecto maior desta alteração é a assunção pelos Estados da região do primado dos seus interesses próprios sobre quaisquer fantasias de "unidade islâmica" ou mesmo de "nação árabe". 

Ankara, Teherão, Riade ou mesmo qualquer pequeno emirado assumem agora, de forma cada vez mais clara e sem qualquer timidez, os seus interesses geoestratégicos próprios. Isto conduz ao surgimento de novos riscos, novas ameaças, novos conflitos e, claro, novos posicionamentos, novos alinhamentos e novas dinâmicas. 

Esta fragmentação do "universo islâmico" da região faz-se à volta de três pólos (persas chiitas, árabes sunitas e os turcos sunitas), tendo cada um destes pólos interesses específicos e estratégias bem distintas de cada um dos outros. 

Ameaçados pelo expansionismo turco (releia-se Lawrence da Arábia...) e pela "militância revolucionária" dos ayatolas de Teherão e seus 'pasdarans", os sunitas árabes procuram o apoio ocidental (americano e israelita) para sobreviverem a estas ameaças. 

É esta evolução, que Trump soube explorar, que explica os recentes acordos, assinados em Washington, em que dois pequenos Estados árabes e sunitas reconhecem Israel. Uma evolução geopolítica que é também a segunda morte de Bin Laden e dos seus sonhos de "unidade" islamista. Quer se goste ou não, sob a batuta de Trump, o jogo mudou radicalmente. 

Assim se confirma a velha máxima de que não é com os amigos que se fazem alianças ("se já somos amigos para que precisamos de uma aliança?" costumava perguntar o velho comandante Virgílio de Carvalho) mas sim com quem se partilham sérios inimigos...

Esta "surpresa" assinada em Washington só pode surpreender aqueles que... gostam de ser surpreendidos. A italiana Limes mostrou imediatamente que a Itália tem quem siga atentamente e saiba ler o que se passa na sua vizinhança, num texto de Niccolò Locatelli, ilustrado com dois soberbos mapas da nossa amiga Laura Canali 

L’accordo tra Israele ed Emirati Arabi Uniti è contro l’Iran e contro la Turchia


Carta di Laura Canali.

di Niccolò Locatelli | Limes | 13/08/2020

L’intesa raggiunta con la mediazione degli Stati Uniti consolida l’asse anti-persiano e rappresenta un avvertimento nei confronti di Erdoğan. E la Palestina? Di fatto è già dimenticata.

ISRAELE, EMIRATI ARABI UNITI, SCONTRO USA-IRAN, TURCHIA, ARABIA SAUDITA, APPUNTI GEOPOLITICI, MEDIO ORIENTE

Con la mediazione degli Stati Uniti, Israele e gli Emirati Arabi Uniti hanno raggiunto un accordo per la normalizzazione delle relazioni diplomatiche.

Gli Emirati sono appena il terzo paese arabo dopo Egitto (1979) e Giordania (1994) a stabilire formalmente un rapporto con lo Stato ebraico, che è stato prima combattuto militarmente e poi isolato diplomaticamente dai vicini regionali per via del suo dominio sulla Palestina.

Sulla Palestina si registra una novità, per quanto temporanea: Israele si è impegnato a sospendere la dichiarazione di sovranità su territori assegnatigli dalla “Visione per la pace“, il piano del presidente Usa Donald Trump per risolvere il conflitto israelo-palestinese (eliminando di fatto la possibilità di uno Stato palestinese indipendente). A detta di Trump, invece di dedicarsi alla Palestina, il governo del primo ministro israeliano Benjamin Netanyahu si concentrerà sull’ampliamento dei rapporti “con il mondo arabo e islamico”.

Proprio nel riferimento al mondo arabo e islamico sta l’importanza dell’accordo raggiunto a coronamento di un processo di disgelo in corso da anni, che ha riguardato non solo gli Emirati ma anche l’Arabia Saudita. Questi tre paesi hanno in comune lo stesso protettore – gli Stati Uniti – e lo stesso rivale – l’Iran, potenza sciita non-araba che conta su una sfera d’influenza estesa fino al Mediterraneo. Gli Emirati possono fare da apripista a un’intesa in chiave anti-iraniana tra mondo arabo e Israele.

L’accordo tra Israele ed Emirati Arabi Uniti riguarda anche la Turchia. Sotto il presidente Recep Tayyip Erdoğan, Ankara si è resa protagonista di un’assertiva politica mediorientale e africana sostenuta idealmente dai richiami all’impero ottomano e finanziamente dal Qatar. Mentre il rapporto della Turchia con Israele attraversa attualmente uno dei momenti più alti di questo millennio, quello con Abu Dhabi è ai minimi termini. E non potrebbe essere altrimenti, dato che i due paesi hanno agende in conflitto ovunque, dalla Libia alla Siria, con Erdoğan che è rimasto l’unico sostenitore dell’islamismo politico della Fratellanza musulmana.

La mediazione di Trump è un segnale dell’apprezzamento di Washington per l’ambizioso principe ereditario Mohammed bin Zayed, leader di fatto della federazione emiratina. In una fase in cui l’Arabia Saudita – tradizionale cliente degli Stati Uniti – attraversa una forte instabilità legata al crollo del prezzo del petrolio e soprattutto alla scalata al potere del principe ereditario Mohammed bin Salman (scalata lungi dall’essere compiuta). Abu Dhabi serve dunque agli Usa non solo contro l’Iran, ma anche per contenere la Turchia, membro Nato che non disdegna abboccamenti tattici con la Russia per ampliare il proprio margine di autonomia dalla superpotenza.

L’avvicinamento tra Israele e mondo arabo implicherà la progressiva scomparsa della questione palestinese dalle agende regionali. Una scomparsa già avvenuta di fatto, che però non può ancora essere esplicitata dai paesi arabi per motivi di politica interna.


Carta di Laura Canali 

ISRAELE, EMIRATI ARABI UNITI, SCONTRO USA-IRAN, TURCHIA, ARABIA SAUDITA, APPUNTI GEOPOLITICI, MEDIO ORIENTE



terça-feira, 15 de setembro de 2020

Empresa ligada às ‘secretas’ chinesas compilou dados de milhões de personalidades ocidentais e indianas

A Zhenhua Data organizou uma base de dados de figuras públicas americanas, australianas, inglesas, indianas e outras. Para além de incluir dados públicos recolhidos em fontes abertas (estado civil, data de nascimento, endereço postal, etc.), a base inclui ainda dados confidenciais como coordenadas bancárias e perfis psicológicos. Boris Johnson (e todo o seu círculo próximo...) é uma das personalidades que constam desta “lista” que foi entregue por um chinês anónimo ao universitário americano Christopher Balding (que durante anos trabalhou em Shenzhen). A base de dados está agora a ser analisada pela consultora especializada “Internet 2.0” e por vários jornais australianos, indianos, ingleses, italianos e outros.

Sobre os fins para que tal informação servia, Christopher Balding e o CEO de “Internet 2.0”, Robert Potter, são claros:  "ces données semblent être utilisées pour soutenir des opérations des services de renseignement, de l'armée, de la sécurité et de l'Etat chinois dans la guerre de l'information". Ce sont les prises de position de Wang Xuefeng, CEO de Zhenhua Data, qui ont en partie confirmé leur hypothèse. Il utilise l'application WeChat pour promouvoir la "guerre hybride", une stratégie militaire qui allie des opérations de guerre conventionnelle, asymétrique et de cyberguerre...”

Ou seja, a Zhenhua Data produz instrumentos de guerra de informação facilmente integráveis em estratégias de guerra híbrida...



China Has Built a Massive Global Database for Hybrid Warfare, International Media Reports

The revelations that Chinese tech firm Zhenhua has built a database of 2.4 million individuals for intelligence operations are significant though unsurprising. A major international media investigation has revealed that a technology firm linked to the Chinese Communist Party has created and mined a global database of 2.4 million individuals – many of them political leaders, scientists, journalists and others in positions of influence – based on their online presence in order to monitor them and their networks.

By Abhijnan Rej | The Diplomat | September 14, 2020

The Indian Express, one of the media outlets that investigated the story, reported earlier today that the firm, Zhenhua Data Information Technology Co. Ltd., describes itself as a pioneer in using big data tools for “hybrid warfare.”

Hybrid warfare is a set of techniques through which a country attempts to shape the information environment in a target state by systematic influence and interference operations, alongside the use of other coercive tools, in order to achieve strategic objectives without open warfare.

The Express, along with the Australian Financial Review (AFR), Italy’s Il Foglio and The Daily Telegraph, London, was given access to a massive trove of data that Zhenhua had used to create its database by an unnamed source close to the company with help from an American academic, Christopher Balding, who taught at the elite Peking University until 2018 and had since been based in Vietnam.

The database contains the names of around 10,000 Indians – including a who’s who of the country’s political and military establishment – as well as more than 35,000 Australians, including Prime Minister Scott Morrison.

AFR notes that out of the 35,000 Australians, the database refers to 656 as “special interest” or “politically exposed” – terms whose exact meaning remains unknown. The special tags suggest that the database was mostly likely designed to be used by the Chinese government for clandestine targeting of individuals for various intelligence operations.

The database also includes names of 52,000 Americans, along with nationals from the U.K., Canada, Indonesia, Malaysia and even Papua New Guinea, AFR reports.

It also notes that in one instance the database was used to monitor “the career progression of a U.S. naval officer” who was “flagged as a future commander of a nuclear aircraft carrier.” This suggests that the database was created for predictive analytics of the kind used by social media giants.

The Express notes that Zhenhua was also interested in hundreds of Indian individuals who have been accused of “financial crime, corruption, terrorism, and smuggling of narcotics, gold, arms or wildlife.” This belies an interest of Chinese intelligence in individuals who could be potentially leveraged or otherwise exploited in specific operations, consistent with similar practices of other intelligence services globally.

While the Zhenhua database will be certainly be further analyzed by the media outlets that possess it, three things stand out about the revelations so far.

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First, the timing of the data dump. P. Vaidyanathan Iyer, one of the Indian Express’ investigators of the story, tweeted earlier today that he was alerted to the database by an “academician” on May 21. It is likely that all other newspapers who now possess the database would also have been approached near simultaneously. If this is the case, then the timing of the data dump – in the third week of May – must be explained. Note that right around that time, just days before, Australia’s push for a coronavirus inquiry had attracted Beijing’s wrath. It was also weeks after the first clashes between India and China, in Eastern Ladakh and Northern Sikkim, precursors to the tense ongoing military standoff between the two countries. So, at this point what remains to be understood is the extent to which the source’s decision to dump data may or may not have been linked with these developments.

Second, it is not known whether the source (through any intermediary) had approached an American media outlet. In many ways, the decision to do so would have been natural given that more than a fifth of the database consists of U.S. citizens and the source had worked with Balding, an American who has since returned to the U.S. out of safety concerns in the run-up to today’s expose.

Third, that China maintains a database of this sort isn’t particularly surprising. Machine learning from large publicly sourced databases has emerged as a key enabler for intelligence agencies. Technology firms in the national security space maintain a keen interest in the intersection of open-source intelligence and artificial intelligence. For example, the U.S.-based Palantir Technologies, cofounded with start-up capital from the nation’s intelligence community, as well as other American firms such as Recorded Future, seek to utilize big data for intelligence solutions.

Furthermore, Chinese intelligence has a long tradition of following a “Thousand Grains of Sand” strategy“ by which it has utilized large number of ordinary Chinese citizens, as well as locals, abroad to source discrete pieces of information which can then be put together to form a larger picture.

From Beijing’s perspective it is therefore perfectly natural that the government would maintain large databases of foreign nationals and dynamically track interrelationships even when specific entries – such as family members of targets – may not be individually valuable, either as potential sources or as targets for influence operations.

This is more so the case given China’s growing investments in other national security projects that utilize artificial intelligence, such as facial recognition. The question now remains the extent to which the Chinese Ministry of State Security or other intelligence agencies may have already acted based on the Zhenhua database.



Une entreprise liée aux renseignements chinois a compilé les données de 2,4 millions de personnes

L'entreprise chinoise Zhenhua Data, proche du Parti communiste chinois et de son armée, est accusée d'avoir compilé les données de 2,4 millions de personnes dont de nombreuses figures publiques. Cette base de données inclut des adresses postales, des états civils, des coordonnées bancaires..



L'entreprise Zhenhua Data a compilé les données personnelles de 2,4 millions de citoyens américains, britanniques, australiens et indiens. Située à Shenzhen, cette société compte parmi ses principaux clients l'Armée populaire de libération et le Parti communiste chinois.

Cette base de données a été transférée à l'universitaire américain spécialisé en économie Christopher Balding, qui était auparavant basé à Shenzhen mais qui est retourné aux États-Unis pour des raisons de sécurité. Il a partagé les données avec Internet 2.0, un cabinet de conseil dont les clients comprennent les renseignements australiens et américains, pour qu'il puisse les analyser. Les résultats ont été publiés pour la première fois le 14 septembre par un consortium de médias, dont l'Australian Financial Review et le Daily Telegraph.

Dans un communiqué, Christopher Balding a déclaré que l'individu qui lui a fourni cette base de données s'était grandement mis en danger mais avait "rendu un service énorme" et qu'il était la preuve que "beaucoup de personnes en Chine sont préoccupées par l'autoritarisme et la surveillance du Parti communiste chinois".

LES DONNÉES LIÉES À DES PERSONNALITÉS PUBLIQUES

Cette base de données contient les informations personnelles de 2,4 millions de personnes dont 52 000 Américains, 35 000 Australiens et près de 10 000 Britanniques, d'après les premières analyses. Y sont incluent des personnalités publiques de premier plan telles que les premiers ministres Boris Johnson et Scott Morrison et leurs proches, la famille royale, des célébrités et des personnalités militaires.

Parmi ces données, on trouve des informations disponibles publiquement sur Internet – telles que des dates de naissances, des adresses postales ou des états civils – mais également des données beaucoup plus confidentielles comme des coordonnées bancaires ou des profils psychologiques…

L'entreprise Zhenhua Data, à l'origine de cette base de données, se défend d'avoir soustrait ces informations illégalement. Interrogée par The Guardian, elle répond que "nos données sont toutes des données publiques disponibles sur Internet. Nous ne collectons pas de données. Il s'agit juste d'une intégration de données". La société nie également toute relation avec le pouvoir chinois, arguant que ses clients sont "des organismes de recherche et des groupes d'entreprises".

DES INFORMATIONS UTILISÉES DANS LA GUERRE DE L'INFORMATION

Reste à savoir à quelles fins sont réutilisées ces informations. La réponse n'est pas encore tout à fait claire. Pour Christopher Balding et le CEO d'Internet 2.0 Robert Potter, "ces données semblent être utilisées pour soutenir des opérations des services de renseignement, de l'armée, de la sécurité et de l'Etat chinois dans la guerre de l'information".

Ce sont les prises de position de Wang Xuefeng, CEO de Zhenhua Data, qui ont en partie confirmé leur hypothèse. Il utilise l'application WeChat pour promouvoir la "guerre hybride", une stratégie militaire qui allie des opérations de guerre conventionnelle, asymétrique et de cyberguerre. Ce concept illustre notamment le mode de guerre du Hezbollah, adaptant l’armement conventionnel à des tactiques irrégulières lui permettant de tenir tête à l’armée technologiquement et numériquement supérieure d’Israël.

AUGMENTER LES DÉPENSES EN CYBERSÉCURITÉ

Pour les deux spécialistes, "les sociétés libérales ne saisissent pas les menaces incarnées par le communisme autoritaire chinois en ignorant les guerres non traditionnelles et les opérations d'influence". "La guerre d'information menée par Zhenhua s'attaque aux institutions clés des démocraties en visant des cibles comme les enfants des politiciens, les universités et les secteurs industriels majeurs. Ces derniers sont impliqués dans la transmission de l'information et la formation des politiques", poursuivent-ils.

D'où l'importance d'augmenter les dépenses en cybersécurité, d'après le ministre australien de l'Energie, Angus Taylor. Suite à une campagne d'attaques informatiques, l'Australie a récemment annoncé une augmentation de son budget de 926,1 millions de dollars sur 10 ans pour renforcer sa lutte contre les cyberattaques.

Un discours similaire est tenu par le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton qui appelle l'Europe à se doter d'une capacité de "cyberdissuasion".

ALICE VITARD

sábado, 12 de setembro de 2020

O Atraso do Direito Face ao Avanço do Ciberespaço

O texto abaixo (embora já datado, é de Novebro 2014) é uma lúcida e bem documentada análise do atraso do Direito face ao imparável avanço do Ciber.



Cyberespace: Arene d’Affrontements Informationnels et Enjeu d’Affrontements Normatifs.

Alice Lacoye Mateus | Infoguerre | 16 Janvier 2015

"Le cyber cristallise des conflits informationnels à plusieurs niveaux: sabotage, espionnage, subversion. Les acteurs étatiques s’affrontent actuellement sur le droit applicable à ces opérations. La conflictualité informationnelle, cristallisée par le cyberespace, est difficilement appréhendée par le droit international.

"Le cyberespace est devenu un terrain de stratégies et techniques informationnelles par le contenant, via la strate logique qui s’adresse aux cerveaux d’ordinateurs, et par le contenu, via la strate cognitive qui s’adresse aux cerveaux humains. En effet, l’information a une nature multiple: message, connaissance, donnée, bit… Ainsi, si la littérature américaine s’est concentrée sur la dimension technique des cyberattaques, via le contenant, soit essentiellement du sabotage, la Russie et la Chine se focalisent sur les stratégies informationnelles à visée subversive, via le contenu. La surprise stratégique s’est effectuée à ce niveau. La Bourse de New-York n’a pas été bouleversée par un virus informatique, tel qu’imaginé par l’OTAN, mais par un tweet véhiculant une fausse information grâce au piratage d’un compte d’agence de presse....."

Ver artigo completo aqui: https://infoguerre.fr/2015/01/cyberespace-arene-daffrontements-informationnels-et-enjeu-daffrontements-normatifs/

O Futuro (Próximo) da Guerra

na perspectiva estratégica do Chefe do Estado-Maior do Exército Francês, general Thierry Burkhard, em entrevista à edição deste mês da DSI


La guerre du futur selon l’Armée de Terre


Entretien avec le CEMAT, général Thierry Burkhard, autour de sa récente vision stratégique.

Général Thierry Burkhard | DSI hors-série n°73, «Armées françaises: dans l’œil du cyclone?» | 09 septembre 2020

Avec la nouvelle vision stratégique, l’armée de Terre se positionne de manière à produire des «Multi-­Domain Operations à la française». Qu’auraient-elles de différent avec ce que l’on peut voir aux États-Unis?

Thierry Burkhard: La notion américaine de Multi-­domain operations (MDO) est, je crois, très intéressante, car nous faisons aussi le constat, au sein des armées françaises, d’une contestation de la supériorité opérationnelle occidentale. Ces MDO sont la combinaison des effets produits dans l’ensemble des milieux dont on pressent qu’ils pourraient devenir contestés, voire verrouillés par des pays adverses, jusqu’au «déni d’accès», c’est-à‑dire l’interdiction de certains espaces ou de certains milieux. En créant des ruptures dans les systèmes adverses, les MDO doivent permettre de retrouver des possibilités de manœuvre opérationnelle. Néanmoins, comme tout concept d’origine étrangère, nous devons l’appréhender avec notre expérience et notre propre analyse stratégique, car il revêt aussi une dimension politique bien précise: permettre aux États-­Unis de rester maîtres de la compétition stratégique avec la Chine et la Russie. C’était déjà l’objectif secondaire assigné au Network centric warfare, il y a vingt ans.

Il est donc essentiel de partir de notre appréciation de situation et de notre intention. Quel est l’état du monde qui nous entoure et de quelle armée de Terre notre pays a‑t‑il besoin? Aux portes mêmes de l’Europe, nous assistons au retour des rapports de force dans les relations internationales, aux déploiements de grandes unités, aux intimidations. À ces manifestations très visibles s’ajoutent des opérations insidieuses. De plus en plus de pays agissent sous le seuil du conflit ouvert, avec des actions non revendiquées dont l’attribution est très difficile: cyberattaques, frappes à distance, opérations d’influence, etc.



Il est probable que les guerres de demain ressembleront à un mélange de conflits ukrainien et libyen, entre hybridité et risque d’escalade. Il est tout aussi probable que les adversaires s’affronteront dans tous les champs et tous les milieux. Aujourd’hui, j’estime que nous ne sommes pas suffisamment préparés à ce type de conflits, qui nécessitent une coordination complexe et dynamique des effets cinétiques et immatériels, et ce, du niveau tactique au niveau stratégique. Il nous faut donc durcir l’armée de Terre pour qu’elle soit capable de faire face à ces engagements encore plus difficiles que nos opérations actuelles, déjà bien éprouvantes.

Mon objectif est de proposer au chef d’état-­major des armées une nouvelle offre stratégique en 2021. Nous avons donc entamé un travail de réflexion en profondeur sur notre concept d’emploi des forces terrestres. Je souhaite déterminer le rôle que pourra jouer la composante terrestre dans des opérations multimilieux et interarmées. Je suis convaincu qu’à l’avenir, il nous faudra encore mieux combiner nos actions dans les milieux traditionnels – terre, air, mer, espace – mais aussi dans un nouveau champ de conflictualité – le cyberespace – ou dans des champs renouvelés – informationnel et cognitif.

Cette synergie des effets interarmées n’est pas nouvelle, elle existe notamment en bande sahélo-­saharienne. Mais dans des conflits de haute intensité, le maintien de notre supériorité opérationnelle impose de changer d’échelle. La combinaison des effets dans les champs matériels et immatériels doit être systématisée : les forces terrestres y ont toute leur place en menant ou en concourant, suivant les situations. Je pense que nous avons beaucoup à apporter dans ce type de manœuvre. Le milieu terrestre est celui dans lequel vivent les populations, c’est tout sauf un milieu homogène. Il est à la fois celui où la possibilité de déborder l’adversaire est la plus probable, mais aussi celui où il est le plus difficile de lui interdire de manœuvrer. Il est celui où la dialectique des volontés se manifeste par tous les moyens : les plus sophistiqués comme les plus rudimentaires. Combiner les actions et les effets est donc en quelque sorte un langage naturel pour l’armée de Terre.

Avec un double impératif de concentration des efforts et d’économie des moyens, l’armée de Terre a lancé, depuis plusieurs années, une réflexion en profondeur sur le combat collaboratif. Nous en voyons les résultats aujourd’hui avec le système SCORPION qui doit permettre à nos unités de combat de concentrer leurs effets sans avoir à concentrer excessivement leurs moyens. S’appuyant sur une compréhension partagée du champ de bataille, notre capacité à traiter un élément ennemi identifié par d’autres effecteurs que celui qui l’a détecté sera accélérée et démultipliée, jusqu’aux plus bas échelons.

C’est dans ce contexte que doit se comprendre l’actuelle rénovation du segment médian de nos capacités avec la livraison du Griffon et bientôt du Jaguar et le déploiement du Système d’information au combat SCORPION (SICS). La prochaine étape sera la modernisation du segment lourd avec, entre autres, le Main ground combat system (MGCS), futur char de combat franco-­allemand, à l’horizon 2035, et le système d’artillerie du futur – Common indirect fire system (CIFS) – qui permettra, couplé aux drones et aux satellites, de fragiliser les bulles d’interdiction par des tirs de longue portée. Mais au-delà de l’armée de Terre, la vocation de SCORPION est bien d’être élargi au combat collaboratif interarmées et interallié. C’est un des projets de la vision stratégique – baptisé Titan – qui doit permettre aux systèmes de communication de nos armées d’être d’emblée interconnectés pour renforcer in fine la synergie des effets et d’obtenir la supériorité multimilieux.

L’armée de Terre accorde une attention plus soutenue à la haute intensité. Mais cela implique-t‑il d’abandonner la contre-­irrégularité?

L’effort à porter sur la préparation au conflit de haute intensité est en effet la raison d’être de cette vision stratégique pour l’armée de Terre. Si nous sommes prêts pour la haute intensité, nous le serons pour des opérations moins exigeantes. Aujourd’hui, un conflit de haute intensité entre États redevient possible. Faute d’instruments internationaux de régulation acceptés, le moindre incident local peut dégénérer en escalade militaire régionale non maîtrisée. L’hybridité peut aussi se transformer petit à petit en un conflit plus dur qui nous confronterait brutalement à un fait accompli. Je n’identifie pas, pour le moment, de menaces directes contre le territoire métropolitain. En revanche, soyons vigilants sur nos intérêts outre-mer et à l’étranger. Pour éviter d’être contournés par nos adversaires dans un segment où nous ne sommes pas présents, le meilleur moyen est de conserver un modèle d’armée complet, suffisamment dissuasif.


Il est donc probable que nous entrons dans un nouveau cycle de conflictualité après plus de dix ans où nos armées, et l’armée de Terre en particulier, se sont concentrées sur le combat contre le terrorisme militarisé. Mais se préparer à la haute intensité implique-t‑il nécessairement d’abandonner la contre-­insurrection? La principale différence entre haute et basse intensité est l’étendue de l’espace de confrontation. Tous les champs et tous les milieux sont contestés en haute intensité. Ce n’est généralement pas le cas en contre-­insurrection. Même si nos engagements actuels sont très durs, comme au Sahel, nous nous trouvons aujourd’hui dans une sorte de confort opérationnel. Nous nous battons sans menace aérienne, sans menace de missiles de longue portée, et nous ne subissons pas de brouillage.

Même si j’estime toutefois qu’au vu de l’environnement international, il faut réapprendre la grammaire de la guerre de haute intensité, nous ne devons pas pour autant abandonner la contre-­insurrection qui pourrait très bien cohabiter avec un conflit plus dur. Savoir faire les deux est indispensable. Enfin, ne sous-­estimons pas toute l’expérience acquise dans nos opérations actuelles et qu’il faut absolument conserver : manœuvre aéroterrestre dans des conditions éprouvantes, rusticité de la troupe, autonomie des chefs tactiques, opérations de ciblage en boucle courte. Nos forces morales ainsi que nos savoir-­faire tactiques, acquis parfois au prix du sang, seront essentiels dans un conflit de haute intensité.

Comment traduire concrètement cette focalisation sur la haute intensité? Cela passe-t‑il par des exercices plus complexes, à des niveaux, comme la brigade ou la division, où ils avaient tendance à être moins nombreux? Faut-il être moins engagé sur «Sentinelle» afin de rééquilibrer le ratio OPEX/préparation opérationnelle?

Il ne s’agit pas de faire plus complexe, mais différent. Encore une fois, ne négligeons pas la difficulté de nos opérations actuelles. Une très grande autonomie est laissée aux plus bas échelons – la section, la compagnie –, dont les opérations couvrent de vastes étendues pour parvenir à mettre hors de combat un ennemi dissimulé au sein de la population. En haute intensité, la manœuvre sera différente, elle sera plus coordonnée pour détruire un ennemi équipé de capacités offensives élevées. Nous devons donc réapprendre à manœuvrer ensemble de grandes unités. Mais nous devons aussi les faire manœuvrer avec de nouveaux appuis : des cyberattaques, de la lutte informationnelle, de la guerre électronique offensive. C’est ce que font certains de nos voisins en déployant des masses de manœuvre, appuyées par de la lutte informationnelle, pour s’emparer de gages territoriaux.

Pour nous préparer à la haute intensité, j’ai donc deux projets. Le premier est l’adaptation de nos capacités d’entraînement. Dans nos camps de Champagne, assez bien équipés pour cela, nous allons porter l’effort sur l’évaluation de nos bataillons, tous moyens déployés. Nos capacités de simulation de l’ennemi, la force adverse, vont également être renforcées. Un général sera ainsi désigné avec son état-­major pour construire de véritables manœuvres ennemies visant à entraîner nos régiments dans une combinaison de guerre hybride et de conflit de haute intensité. Des travaux ont également été lancés pour améliorer nos capacités d’entraînement à la manœuvre à tir réel, pour rendre la combinaison du feu et du mouvement de nos unités encore plus réaliste.

Le deuxième projet consiste à réaliser, en 2023, un exercice de niveau division, lui aussi tous moyens déployés, qui sera le premier test grandeur nature de notre nouveau concept d’emploi des forces terrestres. La combinaison des effets dans les différents champs y aura une place significative. Les objectifs seront nombreux : déploiement important d’hommes et de matériels, renforcement des capacités de synchronisation des effets par structures de commandement, déploiement des soutiens divisionnaires, mais aussi intégration interarmées et interalliée.

Quant à votre question sur «Sentinelle», ma première réponse est que l’on ne choisit pas ses missions et qu’il est normal de protéger les Français s’ils sont menacés, y compris sur le territoire national. L’engagement des armées sur notre propre sol est toujours un signal fort, nous l’avons vu en 2015. Avec un déploiement de forces permanent, le message perd toutefois en puissance. Nous devons donc être capables de faire évoluer l’opération en fonction du niveau de menace. Celle-ci n’a pas disparu, mais elle est moindre qu’il y a cinq ans et elle a probablement changé de nature, avec une menace terroriste plus endogène et qui n’est plus militarisée. Par ailleurs, les forces de sécurité intérieure se sont considérablement renforcées, en termes d’équipements, de personnel et de renseignement. Nous devons prendre cela en compte pour faire mieux respirer le dispositif Sentinelle, un peu trop établi. Aujourd’hui, je pense que nous pouvons diminuer l’empreinte permanente de cette opération sur le territoire national et proposer plus de réactivité, avec davantage de moyens en alerte et mieux répartis sur l’ensemble du territoire.

Derrière votre question, il y a aussi celle des effectifs qui assurent puissance et résilience à une armée. La réserve constitue au moins une partie de la réponse. La vision stratégique inclut une ambition opérationnelle pour la réserve, qui doit être apte à couvrir, si nécessaire, le contrat opérationnel «territoire national» et à s’engager, à terme, au-delà de la fonction protection. C’est un cap nouveau.

L’une des leçons d’opérations récentes, notamment en Ukraine, est l’usage massif de microdrones, couplés à l’artillerie, avec des résultats impressionnants. L’armée de Terre commence à se doter de drones NX‑70. Jusqu’où votre vision intégrera-t‑elle la robotique, sachant qu’elle était assez peu évoquée dans les premières étapes de SCORPION?

Les robots terrestres et les drones sont désormais indispensables sur le champ de bataille et l’armée de Terre a une vraie ambition en termes de systèmes automatisés. En 2023, elle disposera de 1 200 drones ! En fin d’année 2020, au Mali, nous expérimenterons également des robots mules téléopérés, capables de transporter 400 kg au rythme d’un combattant à pied, là où les véhicules classiques ne passent pas. D’ici à dix ans, notre ambition est de disposer de systèmes automatisés équipiers jusqu’au plus bas niveau, chaque fois que cela sera possible.

La robotisation comporte au moins deux enjeux. Le premier est de réduire l’exposition de nos soldats: je pense aux robots démineurs de nos équipes EOD (Explosive ordnance disposal). L’autre enjeu est celui de la substitution pour les tâches fastidieuses ou dangereuses, afin que le soldat se concentre sur ce qu’il y a de plus difficile à faire: décider, avec discernement, dans l’incertitude du combat. Nous avons d’ailleurs écarté immédiatement l’hypothèse du robot armé autonome: l’ouverture du feu est une responsabilité qui ne se délègue pas à une machine. Enfin, l’étape d’après, déjà bien lancée, concerne l’intelligence artificielle qui est un atout majeur pour le traitement et l’exploitation de grosses masses de données, comme dans le cycle du renseignement.

Concernant SCORPION, nos régiments commencent à être dotés des premiers Griffon, comme c’est le cas pour le 3e RIMa, en pleine appropriation tactique et technique. Les premiers retours sont très positifs. Avec SCORPION, que nous développons en étroite et très fructueuse coopération avec nos amis belges, au travers du partenariat stratégique CAMO (Capacité motorisée), j’estime que nous avons trouvé l’équilibre acceptable entre volume du parc et haute technologie. Nous travaillons maintenant à la confirmation des performances attendues sur le plan tactique. L’objectif, ambitieux, vise à projeter un groupement tactique SCORPION en opération en 2021.

Toutefois, nous pourrons avoir les matériels les plus modernes au monde, ils ne nous permettront pas de gagner dans un conflit de haute intensité sans des soldats aguerris, suffisamment entraînés et surtout bien commandés. C’est la raison pour laquelle la formation des chefs est une de mes priorités. En la matière, tout est connu. L’effort est à poursuivre. Une réforme qui vise à une meilleure cohérence de la formation initiale de nos jeunes cadres sera donc bientôt lancée.

Moteurs de nos unités, les sous-­officiers doivent combiner, tout au long de leur parcours, des compétences techniques, tactiques et de commandement supérieures, raison pour laquelle nous avons engagé la rénovation de leur parcours professionnel. Plus que jamais dans la décennie qui s’ouvre, le profil de l’officier devra lui aussi répondre à plusieurs grands défis: le défi de la combativité reposant sur le courage, l’audace et la résilience; le défi de l’autorité, fruit de l’exigence et de la bienveillance du commandement; le défi de l’intelligence pour permettre à nos chefs d’appréhender des engagements de plus en plus complexes; enfin, le défi de l’humanité que le chef incarne par son exemplarité, son sens civique et du devoir. Ces vertus militaires qui sont notre colonne vertébrale, vous les retrouvez dans le nouveau Code d’honneur du soldat qui vient d’être distribué dans toute l’armée de Terre. Il s’impose à tous, vis-à‑vis de soi-­même, vis-à‑vis de ses chefs, vis-à‑vis de ses subordonnés.

Vous évoquez les champs immatériels… Une autre leçon de l’Ukraine est l’importance accordée par la Russie à la guerre électronique, notamment comme vecteur de rupture des systèmes de commandement… dont nous sommes de plus en plus dépendants. Faut-il que nous accordions nous-­mêmes plus d’importance à ces modes d’action, des points de vue offensif comme défensif? Au-delà, faut-il investir plus dans l’influence?

La guerre électronique est en effet un sujet de préoccupation majeur, que nous avions un peu oublié, en tout cas en tant que menace. Il nous faut renforcer nos capacités offensives, mais aussi nos capacités défensives. Nos postes de commandement doivent notamment s’entraîner plus systématiquement à fonctionner en mode dégradé. Je voudrais toutefois clarifier les termes pour éviter des confusions qui, jusqu’ici, ont été préjudiciables. Les champs immatériels, ce sont le cyberespace, le champ informationnel, le champ électromagnétique, le champ cognitif, etc. L’influence est d’une autre nature : c’est agir sur les perceptions humaines afin de modifier des comportements, par des messages ad hoc, communiqués par la combinaison la plus adaptée de différents vecteurs. En revanche, l’objectif reste toujours le même: générer un certain comportement chez l’ennemi. C’est vieux comme la guerre elle-même.

La vraie rupture est probablement que le numérique vient décupler les possibilités d’action. Le champ informationnel et cognitif devient un espace d’affrontement à part entière, systématiquement utilisé par de nombreux acteurs efficaces et assez désinhibés. Quelques images ou quelques mails détournés suffisent à faire basculer une opinion nationale et internationale, à semer le désordre dans les rues et dans les esprits, voire dans les unités. Il faut donc en priorité apprendre à nos soldats à se protéger, à gérer cette menace. Avec nos smartphones, nous invitons nos ennemis dans notre poche! Le rôle des chefs au contact, qui doivent parfaitement appréhender ce nouvel environnement, reste donc plus important que jamais.

Faut-il aussi investir davantage dans l’influence? Oui! C’est également un des projets de la vision stratégique. Dans un contexte de recours généralisé à des modes d’action hybrides, l’armée de Terre doit renforcer sa capacité d’intégration des effets dans la conception et la conduite des opérations, avec un effort plus particulier sur les actions non cinétiques. Nous avons de nombreux atouts sur lesquels nous pouvons déjà nous appuyer, comme notre ressource humaine, déjà existante, rompue aux opérations récentes de contre-­insurrection en Afghanistan ou au Mali.

J’ai également besoin d’avoir, au sein de l’armée de Terre, des cadres qui, à tous niveaux, comprennent comment ils doivent être acteurs d’une manœuvre d’influence, de la même manière qu’aujourd’hui ils combinent des moyens interarmes. Le premier axe d’effort est justement de faire évoluer notre culture militaire, encore très marquée par l’affrontement direct. Il faut ensuite développer les effecteurs spécialisés à la disposition des chefs tactiques. Nos groupes d’action sur l’environnement doivent par exemple être mieux dotés en outils numériques et mieux intégrés dans la manœuvre, dès sa conception.

Enfin, nous avons trop longtemps laissé en friche la ruse. C’est une excellente école pour nos jeunes cadres qui doivent très tôt comprendre les mécanismes des perceptions. Cela commence par la manœuvre tactique de la compagnie qui doit systématiquement s’efforcer de tromper l’ennemi et cela se prolonge avec l’équipement de nos unités en moyens de leurrage. Fortitude, toutes proportions gardées bien évidemment, reste aussi une bonne source d’inspiration pour mes officiers qui travaillent sur la déclinaison de la vision stratégique. Enfin, une bonne prise de conscience de l’art de la ruse peut nous aider à nous prémunir contre cette menace que nos ennemis maîtrisent quelquefois très bien.

Le Maintien en condition opérationnelle (MCO) est un problème classique – notamment pour les parcs d’hélicoptères. Vous évoquez la nécessité de simplification, mais aussi d’une plus grande disponibilité au vu de votre appel à la masse. Le chemin est long, mais comment y parvenir?

La part grandissante des technologies dans les systèmes d’armes est une tendance de fond qui n’est pas récente. Cela entraîne des contraintes fortes pour le soutien de ces équipements à la fois performants, coûteux et complexes. La question se pose donc de la soutenabilité et de l’emploi des matériels très modernes dans un engagement de haute intensité. C’est la raison pour laquelle j’estime que nous devons rechercher le juste équilibre technologique, pour permettre, paradoxalement, le maintien de notre supériorité opérationnelle. Pour reprendre l’exemple bien connu de Norman Augustine formulé dans les années 1980, si l’évolution des coûts ne change pas, le budget du Pentagone, autour de 2050, servira à acheter un seul avion tactique!

Pour autant, il ne s’agit pas d’être caricatural ni d’aller contre le progrès. Aujourd’hui, nos soldats sont nettement mieux protégés que leurs aînés et nos capacités de combat sont bien plus performantes. Notre objectif est un modèle d’armée soutenable, disposant de suffisamment de matériels disponibles et de munitions pour rehausser notre niveau opérationnel. Pour arriver à ce nouvel équilibre, le chemin est effectivement long, car les gains seront marginaux sur les systèmes déjà en service. Nous avons quelques rendez-­vous majeurs pour l’armée de Terre dans ce rééquilibrage avec les programmes à venir, comme le poids lourd 4‑6 tonnes, le véhicule blindé d’aide à l’engagement ou le futur engin du génie. Ces engins doivent être utilisables au quotidien par les forces et déployables en quantité dans nos opérations. Il importe donc de prendre en compte, le plus en amont possible, la dimension «soutien» de ces nouveaux systèmes, avec une réelle approche de construction «capacitaire».

En complément de l’action sur les programmes futurs, nous devons améliorer la disponibilité des équipements déjà en service. Je crois d’ailleurs que nous sommes probablement à l’aube d’une révolution des métiers de la maintenance, permise par l’adéquation entre une conception des matériels prenant en compte le MCO dès l’origine, les progrès de la maintenance prédictive et les possibilités de production de rechanges par fabrication additive.

Propos recueillis par Joseph Henrotin le 15 juillet 2020.

Pour aller plus loin...

Article paru dans la revue DSI hors-série n°73, «Armées françaises: dans l’œil du cyclone?» », août-septembre 2020.

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