sábado, 31 de outubro de 2020

Terrorismo Islamista em França: "Marianne" Começa a Zangar-se

E já se fala de "Reconquista". Sim, o termo usado é mesmo esse: "reconquête". E, sobretudo, já surgiram as diferenças conceptuais entre "democracia" e "estado de direito". E ainda o questionar do papel dos juízes, uma "instância não eleita". Como escreve, em editorial, a Natacha Polony: "Qui a décrété que l’État de droit consistait à laisser des juges, et notamment des juges administratifs, des instances non élues, imposer aux citoyens l’abolition totale de leur souveraineté au nom de principes interprétés à l’envi? L’équilibre complexe entre les pouvoirs, qui définit la démocratie, ne se résume pas à créer une norme supérieure, les droits de l’homme, dont la déclinaison concrète aboutirait à accepter sur le sol français des activistes dont le but est justement de nier l’idée même de libertés individuelles."



Par Natacha Polony | Marianne | 30/10/2020 

Ce qu'il faut maintenant, c'est agir. Renforcer les institutions républicaines, que la justice et l'administration n'œuvrent plus contre la sécurité des Français, assurer une meilleure formation des enseignants et en finir avec le clientélisme communautaire des élus locaux. Et vite.

Il y a d’un côté les va-t-en-guerre, ceux qui réclament qu’on solde carrément les lois, les libertés. De l’autre les collabos, pour qui le mieux serait surtout de ne rien faire parce qu’on ne sait jamais, on pourrait vexer ou stigmatiser, ou, pis, parce que l’islamisme serait une réponse à l’«islamophobie». Pour tous les autres, la mort atroce de Samuel Paty est cet événement symbolique dont on espère qu’il va déclencher la reconquête.

Les communicants politiques, déjà, ont théorisé l’idée d’assommer l’opinion sous un monceau d’annonces en tout genre. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en cela le fidèle disciple de Nicolas Sarkozy. On va expulser 231 étrangers fichés S! Pourquoi maintenant? Ils étaient moins dangereux le mois dernier? On va dissoudre des associations! Mais pourquoi les avoir laissées prospérer si longtemps? Rien n’est plus insupportable que cette agitation dont on sent qu’elle sert avant tout à rassurer, à laisser croire que le politique est tout-puissant.

ARRANGEMENTS ET LÂCHETÉS

Après trente ans de petits arrangements et d’incommensurables lâchetés, la France n’a pas besoin de roulements de tambour mais d’actions de court, moyen et long terme parfaitement ciblées et efficaces. Des actions qui renforcent les institutions républicaines plutôt que de les achever. On voit se dessiner le débat sur l’État de droit, les uns nous expliquant qu’il est, selon la formule désormais consacrée, «ce que les terroristes veulent abattre», manière de dire qu’il ne faudrait rien changer et persévérer dans l’impuissance, les autres nous assurant qu’il est justement l’instrument de cette impuissance, et qu’il faut donc le mettre à bas nous-mêmes. Les deux faces d’une même médaille. Main dans la main pour vider de sa substance l’idée même de démocratie. Qui a décrété que l’État de droit consistait à laisser des juges, et notamment des juges administratifs, des instances non élues, imposer aux citoyens l’abolition totale de leur souveraineté au nom de principes interprétés à l’envi? L’équilibre complexe entre les pouvoirs, qui définit la démocratie, ne se résume pas à créer une norme supérieure, les droits de l’homme, dont la déclinaison concrète aboutirait à accepter sur le sol français des activistes dont le but est justement de nier l’idée même de libertés individuelles.

Ce n’est pas le trop-plein de démocratie qui nous conduit à l’impuissance, mais, au contraire, la méfiance de la technostructure vis-à-vis des citoyens et cette volonté délirante de certaines élites de décréter le bien en dehors de toute délibération commune. C’est aussi la corruption de ceux qui sont prêts à pactiser avec le salafisme pour conserver leur petit pouvoir. Nous réarmer, c’est retrouver à chaque échelon la volonté de défendre le bien commun. À travers la formation des professeurs comme fonctionnaires de la République. À travers la lutte contre le clientélisme politique. À travers la mobilisation de l’ensemble de la chaîne judiciaire et administrative. Nous réarmer, c’est retrouver la maîtrise de notre destin et affirmer collectivement notre fierté de vivre dans un pays où les intégristes et les bigots ne font pas la loi.

sexta-feira, 30 de outubro de 2020

O terrorismo islamista visto e analisado por quem o conhece bem

Quando o coração da Europa está posto a ferro e fogo, é muito útil saber do que se fala quando se fala de terrorismo islamista.

O Autor:

Doutor em ciência política e diplomado em física nuclear, o General Jean-Bernard Pinatel é “officier parachutiste, instructeur commando, dirigeant d’ entreprise et consultant international, expert reconnu en intelligence économique et en gestion des risques. Titulaire de plusieurs titres de guerre, blessé en opérations, il est breveté de l’Ecole Supérieure de Guerre et ancien auditeur de l’IHEDN. Il est l’ auteur de cinq livres sur les questions géopolitiques.”

A Obra:

“Il s'agit ici de proposer une histoire de l'Islam radical, sans concession pour ceux qui s'en servent pour atteindre leurs objectifs stratégiques ou qui n'ont pas été capables d évaluer à sa juste mesure la menace qu'il représentait pour la sécurité des Français. Ce travail de synthèse couvre une période de près de trois siècles. Il est basé sur une très riche bibliographie française et étrangère. Mais c'est aussi le regard d'un officier parachutiste devenu chef d'entreprise, homme de terrain et de réflexion qui connaît ces pays du Moyen-Orient et du pourtour méditerranéen.

“L'auteur, en citoyen libre et responsable, réfute les explications sommaires de commentateurs soucieux de sensationnel, dévoile les signaux faibles et les facteurs porteurs d'avenir qui déterminent l'évolution de cette guerre totale que mène l'islamisme radical pour instaurer partout dans le monde des Etats islamiques fondés sur la Charia. Il propose une stratégie globale pour y faire face après avoir répondu à la question suivante: l'Islam est-il compatible avec la république?”

terça-feira, 27 de outubro de 2020

George Friedman sobre a China, a Europa, a Rússia, os USA e o futuro da Ordem Mundial... em 3m 46s

Prestem muita atenção às últimas duas frases (e ao sorriso que as acompanha...) que constituem um aviso para um cenário que já há décadas era o que o estrategista português Comandante Virgílio de Carvalho mais temia...

Who Will Rule the World? George Friedman about the Future of World Order: China is a very significant but weak country...

https://www.youtube.com/watch?v=Q3VosrH7lVM&t=1s&fbclid=IwAR3dwrgVCJpvadWdfKHDLI5g7i8DeG_kbEHWuEguYrBH4T3OeLQQ01pBx28


segunda-feira, 26 de outubro de 2020

China Quer Base em Angola

Pequim insiste em instalar-se no Atlântico. Depois de ter sondado as possibilidades de instalar bases aeronavais nos Açores (Praia da Vitória, por exemplo), em Cabo Verde e outros países, a China parece fixar-se agora em Angola para instalar a sua base “logística” no Atlântico.

 


O Atlântico é um “buraco negro” na ascensão a potência global da China comunista. Esta situação, na perspectiva dos estrategistas chineses, tem de ser rapidamente resolvida para que a ascensão em potência da China não seja fatalmente comprometida. Entretanto, a direcção do “Exército Popular de Libertação” torneia as dificuldades que este “buraco negro” coloca utilizando outro tipo de apoios (como infraestruturas comerciais ou mesmo redes de carácter “mafioso”) para operações militares no exterior.

Aparentemente, depois de anos de “estudos” e outras “apalpações no terreno”, Pequim terá percebido que o Atlântico Norte lhe estava vedado e passou a focar o seu interesse na longa costa angolana.

Angola passou, entretanto, a estar também no radar americano (sobretudo com Trump e depois do afastamento de José Eduardo dos Santos...) e o Pentágono rapidamente se apercebeu dos interesses e manobras de Pequim junto do governo do presidente João Lourenço.

A instalação de uma base chinesa em Angola aparece assim referida em recente relatório do DoD americano sobre o plano estratégico chinês para a instalação de bases aeronavais no Médio Oriente, na Ásia Central, no Indico, no Pacífico e no... Atlântico.

Para Washington, o objectivo de cada uma das bases deste projecto chinês é o de perturbar os movimentos americanos e mesmo o de lançar movimentos ofensivos contra objectivos americanos.

quarta-feira, 21 de outubro de 2020

A 'Somalização' de Moçambique


Está em curso (e parece já bastante avançada) uma espécie de "somalização" de Moçambique... Não faltará muito tempo para que haja não um Moçambique mas uns três, pelo menos: um "emirado" no norte, um centro à moda da renamo e uma frelimo a reinar no Maputo e arredores! 


Um tal cenário de fragmentação e fragilização só não interessa ao próprio Estado moçambicano (se tal ainda existe...) e aos Estados da Lusofonia. Quanto ao resto do mundo viverá muito bem com isso...

"Strategically, China is in a box..."

Peter Zeihan analisa vulnerabilidades e constrangimentos estratégicos da China




























Ler toda a tese de Peter Zeihan aqui:

terça-feira, 20 de outubro de 2020

19 de Outubro de 1921: A Noite em que a República se Suicidou

José Mateus 

Foi a chamada "Grande Noite Sangrenta" ou a noite em que a República matou o pai e se suicidou. Uma noite que quase um século depois continua um mistério. Um mistério que resiste ao tempo e em que, aparentemente, ninguém tem estado interessado em esclarecer ou ver esclarecido.
 


O almirante Machado dos Santos (o pai da República) e vários outros altos dirigentes republicanos, incluindo o primeiro-ministro em funções, são arrancados das suas casas e vão sendo escabrosamente liquidados a tiro e a golpes de armas brancas.

Quando estamos na véspera de comemorar um século sobre o mais vergonhoso e triste momento de toda a história republicana é mais do que tempo de esclarecer este mistério e seus enigmas que acabaram por determinar muito do que foi o nosso século XX. E muito para além do que pretendiam e de forma muito diferente...


É necessário e urgente tal esclarecimento. Até para perceber como o golpe de 28 de Maio de 1926 (liderado por um "Herói da Rotunda", um dos que tinha proclamado a República em 1910...) foi apenas o funeral dessa I República que se suicidara quatro anos antes.

E, num país com este histórico de magnicídios, Salazar ainda teve o topete de "explicar" que este era "um país de brandos costumes". Mentindo por conveniência, Salazar lançou, como dizia o Eça, "sobre a nudez forte da verdade, o manto diáfano da fantasia". A história do nosso século XX anda embrulhada em "mantos diáfanos de fantasia" e outras narrativas de conveniência. E isso é inaceitável, trágico e perigoso.

O Covid-19 vai durar até Setembro 2021... pelo menos!

O ataque do vírus “covid-19” é uma “guerra prolongada”. O aviso vem da "Defesa" belga. O CEMGFA e o vice-CEMGFA belgas são muito claros numa mensagem (nada convencional mas muito eficaz que pode ser vista no vídeo abaixo) dirigida às suas tropas, como divulgou  "Bruxelles2", um site dedicado às questões da política de defesa e segurança europeias:

Le combat contre le Covid-19: jusqu’à septembre 2021 minimum


"Le chef de la défense belge (CHOD), l’amiral Michel Hofman, et le vice-chef de la défense, le général Marc Thys adressent un message très clair (...)
Leur recommandation est claire: «Le combat contre la Covid-19 n’est pas une fiction, c’est une dure réalité. Et cela prendra du temps. Nous pensons jusqu’en septembre de l’année prochaine.»

Et le rappel des consignes suit: «Respectez les mesures de précaution.  […] C’est important pour nous mêmes. C’est important pour notre organisation. Et c’est important pour la société. Gardez vos distances. 1m50. Si c’est impossible mettez votre masque. Désinfectez vous les mains.»

Vídeo: https://www.youtube.com/watch?v=PrONfIcu_rc

segunda-feira, 19 de outubro de 2020

“Biden, Negociatas e e-Mails Secretos”

“Sexo, Mentiras e Rock and Roll” era um filme bem-disposto mas este “Biden, Negociatas e e-Mails Secretos” pode ser uma grave indisposição numa campanha eleitoral.

Segredos de Família... Biden Secret e-Mails, Censura e Guerra de Informação

A manchete e as quatro páginas no interior do New York Post poderiam nem ter tido tanta visibilidade imediata não fosse um clamoroso erro de comunicação política ter vindo colocá-las na ribalta: uma canhestra tentativa de censura nas redes sociais do Facebook e do Twitter.

A censura do Facebook e do Twitter apenas veio dar uma visibilidade acrescida aos “e-mails secretos”  dos Biden e dos seus associados ucranianos revelados pelo NYP.. A quem a manchete do NYP tinha começado por escapar, a censura das redes sociais veio pôr-lha diante dos olhos.

A comunicação política, sobretudo em campanhas eleitorais, não é coisa para amadores, muito menos se é inserida num quadro de guerra de informação. Esta "ajuda" à campanha de Joe Biden é um óptimo exemplo disso mesmo. Naturalmente, Trump agradece...

É assim que a Variety, que não é propriamente um media que se interesse por política, titula:

Facebook, Twitter Put Restrictions on New York Post’s Disputed Hunter Biden ‘Smoking Gun’ Story

UPDATED: Facebook and Twitter took action Wednesday to limit distribution of a New York Post story citing emails purportedly revealing evidence of influence-peddling by Joe Biden’s son Hunter — a disputed allegation that has never been corroborated. The paper claimed the emails were supplied by Trump lawyer Rudy Giuliani, after being copied from a laptop that had been abandoned in a computer-repair shop.

According to the Post’s story, Hunter Biden in 2015 introduced his father, then VP in the Obama administration, to a top exec at Ukrainian energy company Burisma after Hunter joined the company’s board. The insinuation is that Hunter successfully influenced his father to pressure Ukraine government officials “into firing a prosecutor who was investigating the company,” per the Post.

https://variety.com/2020/digital/news/facebook-twitter-ny-post-hunter-biden-smoking-gun-story-1234805177/

sábado, 17 de outubro de 2020

Macron limpa os “obstáculos” no caminho da sua recandidatura ao Eliseu

Em dois dias, dois dos principais obstáculos a um regresso de Macron à Presidência da França em 2022, foram removidos do seu caminho. Pela “Justiça”.

 

Hoje, sexta-feira, a notícia é:

 

“Nicolas Sarkozy inculpé pour «association de malfaiteurs»”

 

Ontem, quinta-feira, a notícia foi:

 

“Perquisitions chez Edouard Philippe”



Ora, dado o deserto em que a paisagem política francesa se transformou (e que vai ainda agravar-se), Sarkozy era já visto como um autêntico “homem de Estado” (quando comparado ao “anão” Macron e outros políticos de primeiro plano). Até hoje. Até à divulgação desta decisão dos Juízes, divulgada via um muito oportuno “leak” para o Mediapart, cujo ‘patrão’, um (ex?) trotsquista e um pró-islâmico, odeia Sarkozy.

 

Edouard Philippe, o até há pouco primeiro-ministro, era apercebido como um homem competente e sério que muitos franceses viam já a caminho do Eliseu... Até ontem. Até chegar a notícia que os juízes lhe tinham entrado pela casa dentro à “hora do leiteiro”.

 

O final da semana foi, portanto, muito produtivo e profícuo para a recandidatura de Macron. Resta-lhe um obstáculo (muito superior a qualquer dos dois agora removidos): a senhora Marine Le Pen.

 


Que terá a “Justiça” de Macron na manga contra Marine? E que terá Marine preparado para “atirar” à “Justiça” de Macron? E a Macron?

 

Única conclusão por ora possível: a França entrou num tempo de guerra de informação  (que irá até às ‘presidenciais’ de 2022) em que juízes e polícias servem como instância legitimadora dos mais letais ataques informacionais. Se esses ataques têm ou não algum tipo de fundamento, os tribunais dirão. Mas só dirão quando já for tarde e o vencedor de 2022 estiver há muito instalado no Eliseu.

quinta-feira, 15 de outubro de 2020

“Existe ainda na Europa uma esquerda lúcida, inteligente e sem medo?”

 José Mateus

A pergunta foi-me colocada há dias por uma velha amiga, licenciada em economia e mestre em gestão, empresária e “habituada” a votar, como ela diz, “na esquerda de governo”, mas que a última década deixou muito “desbussolada”. Como que a propósito (já certo clássico dizia que “o acaso faz muito bem as coisas”...) chegou-me, dias depois, este vídeo do debate “Alain Bauer - Éric Zemmour, Face à Face”, num canal da televisão francesa. (Suponho que o meu parisiense amigo J. Torrado muito terá gostado mas, enfim, ele pronunciar-se-à).


A resposta à pergunta da minha velha amiga surge nestes minutos do debate entre Éric Zemmour, frequentemente apresentado como o ideólogo da direita radical francesa, e o meu amigo Alain Bauer, homem da “esquerda de governo”, ex-membro do gabinete do primeiro-ministro Michel Rocard, ex-Grão-Mestre do Grande Oriente de França, professor de criminologia (em universidades de França, USA e China) consultor de segurança (do presidente Sarkozy e da Polícia de Nova York, por exemplo) e autor de vasta bibliografia sobre a ameaça terrorista, sobre a Maçonaria e sobre... gastronomia. 

Todos os que partilham das dúvidas que a pergunta da minha amiga coloca deveriam ver atentamente, este debate, sobretudo (permita-se-me a ousadia) os que, de um ou outro modo, se relacionam com a Maçonaria.

Depois de ver este debate, facilmente se conclui que, apesar das destruições das últimas décadas, nem tudo está perdido mas que tudo (ou quase...) está por/para fazer.


Vídeo: https://www.youtube.com/watch?v=S0t237Dcm28

"Perigo Amarelo"... O Regresso?

A denuncia inicial do "perigo amarelo" data de 1897, na obra do sociólogo russo Jacques Nowicov, precisamente com esse título. Neste início do século XXI são vários os autores ocidentais (e mesmo alguns orientais...) que repetidamente alertam para a nova ameaça do "perigo amarelo".  Michel Nazet, professor de geopolitica, passa em revista, na Conflits, as partes de mito e de realidade da nova ameaça chinesa e do consequente regresso do "perigo amarelo". Registo.

"Péril jaune"? La menace économique chinoise: fantasme ou réalité? | Conflits

La dénonciation d’un péril jaune fossoyeur de l’Occident est contemporaine de la seconde révolution industrielle et de «notre première mondialisation». Dès l’époque, sous la plume de Jacques Nowicov en 1897 dans un ouvrage éponyme, ce péril présente une connotation économique. Dans un monde devenu un marché unifié, le «péril jaune» y est incarné par le Chinois qui se contente d’un salaire de misère et est conduit à se déplacer, annonçant le temps où l’émigration asiatique dépassera l’émigration européenne, explique Nowicov.

La montée en puissance de la Chine au cours des dernières années a donné lieu, par contraste avec les difficultés sociales et économiques des pays occidentaux, à des représentations qui renvoient à ce passé, à l’instar du Vampire du Milieu (2010) de Philippe Cohen et Luc Richard. Filant la métaphore, les auteurs développent dans cet ouvrage le tableau d’une Chine qui aurait réussi à endormir le monde (grâce à sa diplomatie économique, sa main-d’œuvre sous-payée, une monnaie dévaluée, le commerce de ses produits low cost, sa diaspora…) et qui aspire à elle non seulement le travail, mais aussi les ressources énergétiques, les matières premières ou les terres agricoles…

Ce faisant, elle serait responsable des maux de la planète et des difficultés des PDEM, soit pêle-mêle, des crises économiques, de la pollution, de la désindustrialisation et du chômage, des pandémies, du renchérissement des matières premières, de la paupérisation des classes moyennes, de la remise en cause des systèmes sociaux et de la démocratie… et in fine d’un désespoir gros de toutes les déviances (drogue, prostitution, délinquance) alors qu’elle-même, selon Antoine Brunet et Jean-Paul Guichard ("La visée hégémonique de la Chine") nagerait dans la prospérité et la stabilité sociale.

 (...) le problème n’est pas tant l’émergence de cette dernière que les moyens qu’elle a utilisés pour le faire: subventions aux exportations, espionnage économique, coordination des efforts économiques par l’État, protectionnisme discret mais efficace, détournement de marques, toléré par l’État quand il n’est pas encouragé.

Bien sûr, la Chine n’est pas la seule à pratiquer la «guerre économique». Mais aucun pays ne la pousse aujourd’hui aussi loin. Elle ne fait qu’obéir à la logique d’accroissement de la puissance et de la richesse qu’évoque Christian Harbulot, d’autant plus justifiée dans un pays dont nous avons vu qu’il est loin d’être parvenu à notre niveau de développement. Pendant ce temps les pays occidentaux se sont endormis, sûrs de leur supériorité, et ont laissé faire, laissant se mettre en place des déséquilibres qui ne sont plus supportables aujourd’hui.

L’heure n’est sans doute ni aux lamentations (...)  ni à la recherche de boucs émissaires, mais à la prise de conscience et à une contre-offensive devenue une nécessité. Cette dernière passe sans doute par l’élaboration d’une diplomatie économique digne de ce nom et le respect du principe de réciprocité .....

Jacques Novicow, 'Le Péril Jaune'

https://www.revueconflits.com/economie-chinoise-industrie-menace-analyse-michel-nazet/

quarta-feira, 14 de outubro de 2020

George Friedman sobre como a crise de 2008 liquidou o mundo que havia e iniciou a transição para “outro mundo”

“The financial crisis became an economic malaise. The economic malaise created a social crisis. The social crisis generated a global political crisis. The class that had absorbed the existential blow of 2008 turned on the elite and their values.

The elite, focused obsessively on their interests and ideology, failed to notice the revolt. Donald Trump in the United States, Brexit in Britain and numerous parties throughout the European Continent challenged the orthodoxies of interdependence and the pre-eminence of the interests of the financial class. This class and its allies were completely unprepared for a fundamental challenge to the pre-2008 orthodoxies. They were struggling to return to those halcyon days. Their challengers sensed that there was no going back and sought a completely different paradigm that appeared to be witless to the elite. But then the elite appeared brutally indifferent to any interests but their own.

The political upheaval was not confined to Euro-American society. It can be seen in the evolution of regimes into dictatorships, determined to retain the personnel in power. Russian President Vladimir Putin and Chinese President Xi Jinping are the great examples of this. As they shift to a more repressive stance, attacking their own financial elite, they gain popularity and power. Rather than a Trump or a Brexit emerging from the bottom, their intention is to appropriate the movement to enhance their power. This process of co-opting can be seen in Saudi Arabia and Turkey as well.

The issue that has been raised by 2008 is the importance of nations and the primacy of a national leadership to protect the interests of the nation as a whole and not the global system or the interests of the financial community. The re-emergence of nationalism is the logical outcome of the failure of interdependence. Part of the assumption of the pre-2008 ideology was that aggregate economic growth benefits everyone. Post-2008 ideology is that stagnation is paid for by the middle and lower classes. And this leads to a political showdown.

It also creates a situation where maximizing growth is not the primary interest. If the economy grows at 10 percent, but you are unemployed, your self-interest is not with maximal growth. If those above median income benefit from 10 percent growth but those below see their ability to consume contract, the conclusion is obvious. It is possible that free trade, for example, benefits the economy as a whole, but the benefits flow to the top and the costs are absorbed below. In this case, someone earning below median income will vote for someone prepared to sacrifice aggregate growth in the long run for higher incomes below the median for the next 20 years. That is precisely what the argument against the pre-2008 ideology is saying.

Free trade may benefit the economy as a whole, but devastate a class. That class will accept lower growth to avoid the consequences of lower wages. For the pre-2008 ideology, this view is incomprehensible. But it has become the prevailing ideology of roughly half of Euro-American society.

A new ideology has emerged. It is not yet in power, but it is growing. It argues that the nation-state controlling and limiting its dependence is superior to interdependence. It also argues that the nation-state provides benefits globalism cannot: a sense of community, the preservation of culture, a sense of self. This argument says that humans without a nation are humans without a community. They are alone, lonely and helpless. And at the root is the argument that there are more important things than money.”

https://geopoliticalfutures.com/how-2008-changed-everything/

segunda-feira, 12 de outubro de 2020

Pascal Gauchon: Tudo Sobre a Actual Guerra Económica

Guerra Económica, o que é? “Um conflito entre a Sagres e Superbock” - como em certa conferência na Academia Militar ouvimos dizer, com ar de cátedra, a um muito conhecido senhor ex-ministro - é que com certeza não é. Ora, quer tenhamos ou não consciência disso, quer sejamos capazes de o conhecer e reconhecer ou não, a verdade é que “estamos em guerra económica”, como abaixo afirma Pascal Gauchon, o director da revista de geopolítica “Conflits”, que explica o que há a explicar sobre “guerra económica”. Esperemos que o tal ex-ministro o leia, pelo menos, para não voltar a dizer grossa asneira com a fina distinção de um catedrático.

Nous sommes en guerre économique

Pascal Gauchon  |  Conflits  |  10 octobre 2020

Semi-échec du «cycle de Doha» qui devait approfondir le libre-échange. Montée du protectionnisme. Affrontements pour les matières premières et la technologie. Lois de «patriotisme économique». La guerre économique est-elle déclarée?

La crise économique et financière mondiale de 2008 a débouché sur le premier sommet des dirigeants du G20. Il s’agissait de coordonner l’action des États afin de lutter contre la récession et d’empêcher le retour aux politiques qui avaient suivi la crise des années 1930 et provoqué l’éclatement de l’économie mondiale en blocs.

Le pire a été évité et l’économie mondiale continue à fonctionner comme un tout. Mais l’OMC ne cesse de dénoncer la multiplication des mesures protectionnistes tandis que fleurissent des accords bilatéraux qui échappent à sa juridiction.

Le terme de «patriotisme économique» est revenu à la mode, en France grâce à des personnalités aussi différentes que Dominique de Villepin et Arnaud Montebourg. Le «doux commerce» n’était-il donc qu’un paravent cachant la nature antagoniste des relations économiques entre les États?

Clarifications

Commençons par clarifier le concept. La guerre économique n’est pas l’économie de guerre où l’argent, nerf de la guerre, est mis au service du combat sans en faire partie directement. Les buts économiques de guerre n’intéressent pas plus notre sujet, ni les moyens économiques de la guerre comme les bombardements des usines ennemies, la conquête des puits de pétrole pour alimenter en carburant les armées ou la coupure des lignes d’approvisionnement de l’ennemi. Déjà, au ve siècle avant Jésus-Christ, Sparte réussissait à couper les routes commerciales vers le Pont-Euxin dont dépendait Athènes, la forçant à la reddition.

A lire aussi: Les médicaments: l’arme blanche de la guerre économique?

La guerre économique n’est pas la guerre, Christian Harbulot le rappelle. Il définit la première comme donne «l’expression extrême des rapports de force non militaires». Car si leur objectif est identique, l’accroissement de la richesse et de la puissance d’un pays, les méthodes utilisées n’ont rien à voir.

Et même le résultat peut diverger puisque la guerre conduit assez souvent au résultat exactement inverse pour le vainqueur, la France de 1918 et le Royaume-Uni de 1945 en témoignent.

Paradoxe, la guerre économique se fait en temps de paix! Quand elle se révèle incapable d’atteindre ses objectifs, et seulement alors, les canons peuvent tonner. Privé de pétrole par l’embargo qu’avait décidé Roosevelt, le Japon n’avait d’autre solution que de se retirer de Chine ou d’aller le chercher les armes à la main. 

Aux origines de la guerre économique 

Remontons le temps jusqu’au xviie siècle. Les premiers théoriciens de la guerre économique pourraient bien être les mercantilistes, les grands adversaires des premiers libéraux. Selon eux, il existait des ressources indispensables à la puissance et à la richesse des nations, l’importance de l’enjeu nécessitait une mobilisation comparable à celle d’un véritable conflit et, dans cet effort collectif, un rôle essentiel revenait à l’État.

Souvent présenté comme la figure tutélaire du «modèle français», Colbert pourrait tout autant revendiquer la paternité de la guerre économique. L’économie était son champ de bataille, les manufactures royales ses régiments et le système douanier qu’il a développé protégeait les intérêts français aussi bien que les forteresses de Vauban. 

Ces ressources vitales pour les États étaient constituées par les métaux précieux, or et argent. Leur afflux au xvie siècle avait profité aux souverains, permis l’affirmation des États, la constitution de bureaucraties élaborées et le recrutement massif de mercenaires. Mais au xviie siècle, les flux ralentissent. 

Il n’y a pas d’Eldorado, les trésors accumulés pendant des siècles par les Incas et les Aztèques se tarissent et l’argent tiré des mines d’Amérique part enrichir les pays d’Asie où les Européens achètent porcelaines et tissus raffinés. La seule façon de se procurer les métaux précieux est de dégager sur ses partenaires un excédent commercial qui sera payé en or et en argent.

Le contexte, on le voit, est essentiel. Les idées mercantilistes reculent au xviiie siècle et plus encore au xixe, tandis que le libéralisme s’impose.

C’est que les mines d’or du Brésil, puis plus tard d’Australie et d’Afrique du Sud, commencent à produire. C’est surtout que le système monétaire international devient dans les faits un système d’étalon change-or, la livre sterling remplaçant l’or dans les transactions internationales; on pourrait dire d’elle, comme on le dira plus tard du dollar, qu’elle est as good as gold, et aussi abondante que lui ou presque. 

La guerre économique a-t-elle disparu?

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis inondent la planète de dollars, les firmes pétrolières tirent du sous-sol des masses d’hydrocarbures bon marché, les innovations de la fin du xixe siècle arrivent à maturité et se répandent à l’instar de l’automobile, de l’avion ou de l’électroménager, le développement de l’éducation fournit des travailleurs qualifiés en nombre croissant.

En un mot les Trente Glorieuses se nourrissent de ressources abondantes que tous les pays occidentaux peuvent se fournir aisément, quoiqu’à des degrés divers. Pourquoi se battre?

A lire aussi: Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, d’Hervé Juvin

1991: Déclaration de Guerre 

C’est en 1991 que Bernard Esambert relance le débat en publiant La Guerre économique. 

«L’économie se globalise: la conquête des marchés et des technologies a pris la place des anciennes conquêtes territoriales et coloniales. Nous vivons désormais en état de guerre économique mondiale, et il ne s’agit pas seulement d’une récupération du vocabulaire militaire. Le conflit est réel, et ses lignes de force orientent l’action des nations et la vie des individus […] C’est en exportant plus de produits, de services, d’“invisibles” que chaque nation essaie de gagner cette guerre d’un genre nouveau dont les entreprises forment les armées et les chômeurs les victimes[1] 

La vision est sombre, presque surprenante après la décennie 1980 marquée par le retour à une forte croissance dans beaucoup de pays. Pourtant Bernard Esambert visait juste. 

En même année 1991, la fin de la guerre froide refermait les portes d’un conflit plus ou moins armé vieux de 44 ans au moins. Le risque de guerre mondiale et totale, qui n’avait jamais totalement disparu pendant cette période, s’évanouissait, la division du monde en deux blocs antagonistes s’effaçait (provisoirement ?). Ce fait radicalement nouveau ouvre véritablement le xxie siècle et a trois conséquences majeures. 

D’abord, comme le souligne C. Harbulot, les contradictions au sein du monde occidental qui avaient été contenues, dissimulées voire niées mais qui n’avaient pas disparu, peuvent maintenant apparaître au grand jour. C’est en 1991, toujours, que George Friedman publie La Guerre à venir avec le Japon. 

La thèse en est simple: maintenant que la victoire sur l’URSS se dessine, les Américains n’ont plus à ménager Tokyo. Après les Soviétiques, les Japonais! Les Américains ont supporté pendant des années les manœuvres déloyales de ces derniers, ils leur déclarent la guerre et, forts de leur supériorité matérielle, ils leur infligeront une seconde défaite. 

La fin de la guerre froide conduit aussi à un déplacement des lieux de conflit. Si l’affrontement direct entre les deux blocs est terminé, l’arme nucléaire n’a pas disparu. Les affrontements militaires entre grandes puissances ne sont pas impossibles, sans doute, mais hautement improbables. Comment dès lors accroître sa puissance?

Le terrain de l’économie s’impose. C’est d’ailleurs presque au même moment (1990) qu’Edward Luttwak [2] forge le terme de «géoéconomie [3]» pour désigner le déplacement des enjeux de pouvoir du politique vers l’économique. Le terme sera popularisé en France par Pascal Lorot qui lance en 1997 la revue éponyme. Selon eux, les conflits de demain seront économiques.

Dernière conséquence de la chute de l’URSS, la mondialisation prend son essor.

De nouveaux espaces s’ouvrent au capitalisme non seulement en Europe orientale mais dans les pays en développement qui renoncent à l’isolement économique. Les années 1960 et 1970 avaient déjà vu l’émergence du Japon, puis des «dragons» (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan) qui combinaient habilement ouverture – pour exporter – et fermeture – aux importations, mais aussi aux travailleurs et parfois aux capitaux étrangers.

Les «tigres» (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande), puis la Chine et enfin l’Inde prennent le relais dans les années 1990 et font montre de la même attitude ambivalente à l’égard du reste du monde.

Et ils réussissent! Ces émergents d’Asie, mais aussi d’Amérique latine, du Proche-Orient et même d’Afrique conquièrent des parts de marché, absorbent des masses de matières premières, acquièrent par différents procédés les technologies dont ils ont besoin. Et menacent les économies déjà installées.

Au cœur de la guerre

La guerre économique moderne se déroule sur fond de mondialisation. C’est dire qu’elle ne concerne plus seulement le commerce, mais l’ensemble des flux.

Il ne s’agit plus, comme à l’époque de Colbert, de conquérir des marchés étrangers afin d’accumuler les métaux précieux, mais de contrôler l’ensemble des ressources indispensables au bon fonctionnement de l’économie et donc à l’indépendance et à la puissance de la nation: les matières premières et, en tout premier lieu, le pétrole, les capitaux, la technologie, les cerveaux et, ne les oublions pas, les clients, ce qui permet de mettre notre guerre en relation avec celle des temps passés. Au cœur du conflit, comme le notait avec une certaine prescience le cercle de ces économistes lors de ses rencontres de 2006 à Aix-en-Provence, les «ressources rares».

Comme à l’époque de Colbert, c’est la pénurie, ou plutôt le risque de pénurie, qui aggrave des conflits qui n’avaient jamais tout à fait disparu. Boulimiques, les pays émergents et en particulier la Chine avalent toutes ces «ressources rares» avec l’appétit d’un Gargantua pour nourrir leur croissance exceptionnelle. Voilà qui explique l’envolée du prix des matières premières dans les années 2000.

Il ne faut pas s’y tromper: même si l’affirmation des pays émergents peut connaître des hauts et des bas, même si elle se révèle souvent  fragile, même si elle reste dépendante des pays du Nord, la situation du monde a radicalement changé. 

L’ordre, tout relatif, des années antérieures ne reviendra pas. Il faudra compter longtemps avec les nouvelles puissances économiques qui disputeront aux anciennes puissances les marchés et les ressources rares. 

Et sous la pression des premières, les secondes seront contraintes de se livrer entre elles des combats économiques de plus en plus acharnés, chacune essayant de sauver ses positions au détriment des autres. C’est tout juste si l’on peut espérer qu’à terme la croissance des émergents se réduise et avec elle leurs besoins et leur esprit de conquête. Demain? Après-demain? Plus tard encore? 

Douloureux réveil

La réponse de Jean-Hervé Lorenzi et de Mickaël Berrebi n’est guère rassurante[4]. Ils distinguent six contraintes qui aggraveront, d’après eux, les conflits économiques: le ralentissement de l’innovation qui aggrave la pénurie de matières premières, la stagnation de l’épargne, les délocalisations, le vieillissement et l’explosion des inégalités, l’accélération de la financiarisation des économies.

Sans que ces auteurs le disent explicitement, les cinq premières concernent directement les ressources rares – les matières premières, mais aussi les technologies, les capitaux que le vieillissement[5] et la stagnation de l’épargne risquent de réduire, les clients qui seront moins nombreux à cause de l’appauvrissement d’une partie de la population. 

Quittons cet exposé un peu technique et revenons à l’essentiel. J.-H. Lorenzi n’est pas un révolutionnaire ni un catastrophiste, il enseigne à Paris Dauphine, il a été membre du Conseil d’administration de BNP Paribas Cardif, du Crédit Foncier ou d’Eramet… C’est un libéral progressiste, parfait représentant des élites qui dirigent notre pays et l’ensemble des pays occidentaux, qui sonne le tocsin: 

«Ces contraintes ont un nom, celui de conflits […] Ce qui est exceptionnel dans ce présent que nous habitons, c’est que nous pressentons les gigantesques difficultés à venir, nous tentons sans grand succès de conceptualiser les menaces, mais nous hésitons à transgresser l’interdit, celui d’évoquer le conflit explicite, dangereux, cruel, celui qu’on appelle la guerre».

Les élites françaises commenceraient-elles à comprendre?

Définition                      

Il est temps de définir clairement notre objet. Nous dirons que la «guerre économique» est l’affrontement que se livrent les États-nations pour s’assurer le contrôle des « ressources rares » nécessaires à leur économie.

Cette définition ne contredit pas celle que donne Christian Harbulot, la forme extrême des rapports de force non militaires dans le but d’accroître la richesse et la puissance des nations. Elle insiste sur les objectifs à court ou moyen terme tandis que celle de C. Harbulot distingue les objectifs de long terme.

Quelques précisions d’imposent.

D’abord la guerre économique est le fait des États-nations. Les entreprises jouent un rôle important, mais subordonné. Certaines refusent d’être embrigadées, certaines même jouent contre leur propre camp: elles délocalisent massivement, transfèrent des technologies à l’étranger, y installent même leur direction. Elles visent le court terme au risque de créer leur propre concurrence et d’affaiblir leur camp, ce qui se retournera contre elles.

D’ailleurs la plupart des entreprises comptent sur l’État pour les aider à se protéger de la concurrence déloyale, de l’espionnage économique, du détournement de marque et de toutes les manipulations de leurs concurrentes étrangères. Les théories peuvent enseigner que l’État ne doit pas se mêler de la vie des entreprises, les entreprises font preuve de pragmatisme et se tournent vers l’État pour leur protection.

Une seconde évidence apparaît: la notion de guerre économique suppose que les États-nations conservent toute leur importance. C’est un débat trop long pour l’ouvrir ici. Aux yeux de certains, la mondialisation abaisse les frontières et réduit le fait national. D’un autre côté, elle contraint les États à intervenir fortement pour lutter contre ses effets pervers comme la montée des inégalités ou, justement, pour défendre l’économie nationale qu’elle ouvre à la compétition internationale.

Il est possible qu’un jour les nations se diluent dans un «mix» mondial. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Au contraire, la crise de 2008 a marqué le grand retour des États.

Ils nationalisent le secteur des matières premières, comme en Amérique latine, ils protègent, ils tentent de reprendre le contrôle des paradis fiscaux et de mettre fin à «l’optimisation fiscale» qui rognent les impôts payés par les grandes entreprises. À long terme, nous serons tous morts, disait Keynes. Les nations aussi. Tel n’est pas encore le cas.

Troisième fait, la guerre économique connaît des hauts et des bas. En période de pénurie de ressources ou de crise qui rend le client rare, elle s’aggrave et les conflits deviennent plus brutaux. Sinon, elle s’apaise. Mais elle ne disparaît jamais puisque son but ultime est l’accroissement de richesse et de puissance.

Quatrième point à préciser: la guerre économique n’est pas une «vraie» guerre. La comparaison peut même paraître choquante. Pour triste que soit le chômage, on ne peut le comparer avec les mutilations, les destructions et les morts que provoquent les guerres.

Et pourtant la guerre économique est bien une guerre avec ses camps, ses fronts, ses victimes, ses vainqueurs. On dira que les camps et les fronts sont moins bien dessinés que sur les champs de bataille, le cas des entreprises qui «désertent» le démontre. Sans doute, mais n’en est-il pas de même dans la «petite guerre» dont parlent les experts et que nous appelons couramment «guérilla»? Ici les opérations restent discrètes, les populations ne ressentent pas toujours les enjeux, les attaques massives sont rares, les armes préférées des deux camps sont la manipulation, le retournement, la démoralisation, l’influence. Tout le climat de la guerre économique

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Armes et champs de bataille

À chacune des ressources rares que nous avons évoquées correspond un champ de bataille de la guerre économique: matières premières, technologie, capitaux, cerveaux, marchés sont l’objet d’une compétition acharnée. Il s’agit de se les approprier, mais éventuellement d’en priver ses concurrents ou du moins de les placer en situation de dépendance. Nous étudierons toutes ces formes de conflits dans ce numéro spécial.

La panoplie des outils à disposition ressemble à une collection d’armes qu’un passionné aurait amassées, de la hache de pierre jusqu’au turbo-laser des mangas japonaises.

On y retrouve les trois grandes formes de relations humaines déjà distinguées par Chamfort et reprises par les géopoliticiens américains: «Trois puissances gouvernent les hommes: le fer, l’or et l’opinion[6]

Les États n’hésitent pas à utiliser la force armée si nécessaire, le pétrole en fournit suffisamment d’exemples, et alors la guerre économique s’appuie sur la guerre tout court. L’influence permet de fixer les règles du jeu de l’économie mondiale, en particulier dans le domaine monétaire, ce qui peut donner aux entreprises nationales un atout décisif sur les marchés mondiaux. L’argent, bien sûr, attire les travailleurs qualifiés, il permet d’acheter des entreprises et des concessions minières à l’étranger tout comme les technologies et les renseignements dont un pays a besoin.

Il en effet un domaine particulier sensible dans la guerre économique, celui du renseignement ou, comme disent les Anglo-Saxons, de l’Intelligence.

Souvent négligé, le savoir est un fondement décisif de la puissance. Pas de guerre économique, ou pas de guerre économique efficace, sans intelligence économique.

C’est dans ce domaine que le changement est le plus net. Fini le temps où les cadres japonais en visite dans une usine étrangère portaient des chaussures à grosses semelles de caoutchouc pour ramasser les débris de métal ou de produits chimiques qui traînaient afin de les faire analyser plus tard. À cette époque, d’innocents «touristes» photographiaient en rafale les étalages des magasins pour copier les modèles exposés.

Place à l’informatique qui a tout bouleversé. Elle est devenue l’une des hantises des entreprises et le meilleur moyen de se renseigner, de détourner des technologies, de lancer des campagnes de dénigrement ou de mener des stratégies d’influence.

La guerre économique se mène derrière les ordinateurs, ses forces spéciales sont composées de hackers et d’oreilles gigantesques pointées vers le reste du monde. Les écoutes de la NSA, révélées par Edward Snowden, ont montré combien la puissance américaine combinait la force de frappe à la puissance du renseignement.

L’avis des «pacifistes»

La notion de «guerre économique» n’a pas bonne presse chez les économistes. L’un des plus célèbres d’entre eux, Paul Krugman, est explicitement monté au créneau contre elle: «L’idée selon laquelle l’avenir économique d’un pays dépend en grande partie de sa réussite sur les marchés mondiaux est une hypothèse et non une évidence; et, dans la pratique, empiriquement, cette hypothèse est simplement fausse[7].» À ses yeux, l’analogie entre États et entreprises est artificielle. Si des entreprises se livrent à une concurrence dans un même secteur et sur un même marché, la réussite des unes se fait au détriment des autres. En revanche, si l’économie américaine se porte bien, c’est une bonne nouvelle pour l’Europe et le Japon, et inversement, car chacun profitera de la croissance des autres. La mondialisation n’est pas coupable et la richesse d’un pays dépend non pas du solde de son commerce extérieur, mais de sa productivité, c’est-à-dire de l’efficacité de son économie. Lorsque cette productivité s’élève dans ce pays, sa consommation intérieure et ses importations font de même pour le plus grand bien de ses partenaires économiques.

Pour ses détracteurs, l’idée de guerre économique n’est pas seulement trompeuse et sans fondement, elle est également dangereuse, car elle a tout d’une prophétie auto-réalisatrice. Percevoir le commerce international comme un terrain de guerre conduit à prendre des mesures défensives et même offensives qui finiront bien par provoquer la guerre.

La guerre est un fait

La critique de P. Krugman, l’une des plus structurée, date.  Elle a été rédigée en 1996, dans l’euphorie de la «nouvelle économie» et de l’«hyperpuissance américaine», toutes deux étant censées ouvrir un monde nouveau.

Depuis il y a eu la percée des émergents, la crise de 2008 et la remontée du protectionnisme. Il est significatif que l’excédent commercial chinois n’explose réellement qu’après 2001, quand la Chine entre à l’OMC et bénéficie de tous les avantages du libre-échange dont, de son côté, elle ne respecte guère les règles.

Il est symptomatique également que P. Krugman ait nuancé ses thèses optimistes et appelé à des taxes spéciales sur les produits chinois.

La réponse des tenants de l’idée de guerre économique tient, pour l’essentiel, en deux arguments.

Le premier relève de l’évidence: la guerre a déjà commencé. Reprochant aux libéraux leur irénisme, les «guerriers» se bornent à constater que, partout ou presque depuis le début des années 1990, les relations économiques ont pris la forme d’âpres conflits: la compétition que se livrent les États-Unis et la Chine, la «diplomatie du négoce» menée par les présidents américains depuis les années 1990, les contentieux agricoles opposant l’Union Européenne à certains pays émergents…

Selon les libéraux, le commerce serait ce que les statisticiens appellent un «jeu à somme non nulle» – la richesse mondiale augmente et chaque pays peut espérer en capter une part croissante. Pourtant les réserves de certains biens, comme le pétrole, sont limitées, et ce n’est pas un hasard si bien des entorses au libre-échange ont concerné ce produit stratégique.

Aujourd’hui c’est le cas de la plupart des ressources rares et ce qui est acquis par les uns l’est au détriment des autres. Le contexte actuel aggrave les risques de pénurie. Les libéraux se tromperaient donc d’époque.

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Second argument des tenants de la guerre économique, la grille de lecture libérale ne rendrait pas compte de la réalité car elle se focaliserait sur l’économie et laisserait de côté la question de la puissance.

Il existerait deux mondes: d’une part celui qui favorise l’échange, qui est orienté vers la mondialisation, celui des économistes et des entreprises, d’autre part celui des rapports de puissance entre États. Si le discours libéral sait rendre compte du premier, il est inadapté dans le cas du second.

C’est la limite de la vision des libéraux. Ils imaginent le monde comme un village sympathique: tant qu’à avoir un voisin, mieux vaut qu’il soit riche, pensent-ils: on pourra lui emprunter ses outils de jardinage et s’inviter à l’heure de l’apéritif! Ils font semblant d’ignorer qu’il existe des voisins acariâtres et agressifs. Et que, parfois, des brigands entrent dans le village.


  1. B. Esambert, La Guerre économique mondiale, Olivier Orban, Paris, 1991, p. 9.

 

  1. Edward N. Luttwak, Le Rêve américain en danger, Odile Jacob, Paris, 1995 [1reéd. 1993].

 

  1. Dont la première occurrence figure dans son article « From Geopolitics to Geo-Economics », The National Interest, été 1990.

 

  1. Jean Hervé Lorenzi et Mickaël Berrebi, Un monde de violences, Eyrolles 2014.

 

  1. Les personnes âgées sont censées épargner moins que les jeunes adultes.

 

  1. Maximes et pensées.

 

  1. P. Krugman, La Mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du libre-échange, La Découverte, Paris, 2000, p. 7. Traduction de son ouvrage Pop internationalism, Presses du MIT en 1996.

https://www.revueconflits.com/guerre-economique-theorie-pascal-gauchon/

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