GRAND ENTRETIEN - Le projet européen est, selon Régis Debray, davantage une religion qu'une entreprise politique. C'est pourquoi, soutient-il, malgré l'échec politique de l'Union européenne, nos dirigeants continuent d'y croire. Comme hantés par l'Europe fantôme.
Régis
Debray: «À force de vouloir accueillir toutes les identités, l'Europe a perdu
la sienne»
Alexandre Devecchio,
Etienne Campion | Le Figaro | 29/03/2019
LE FIGARO - Votre livre, L'Europe fantôme, paraît sous la
collection «Tracts», à trois mois des élections européennes. Est-ce un hasard?
Régis DEBRAY - Non,
mais l'actualité n'est qu'une accroche, Antoine Gallimard et Alban Cerisier ont
repris le titre d'une collection des années 1930, qui a publié Gide, Thomas
Mann, Giono et d'autres. L'idée
est de demander à des écrivains des textes brefs, sans jargon et sans injures,
sur le moment historique. Aussi n'est-ce pas l'élection européenne, avec ses
énièmes vœux pieux, qui m'a intéressé, mais les soubassements spirituels d'une
utopie politique. N'oublions pas que son drapeau bleu ciel procède de
l'Apocalypse de saint Jean. Les douze étoiles sont celles de Notre-Dame.
Que signifie ce titre, L'Europe fantôme?
C'est
un clin d'œil à L'Afrique fantôme de Michel Leiris où il dit sa déception
d'Occidental qui espérait avec le raid Dakar- Djibouti, en 1932, devenir un
autre homme au contact d'une autre ...
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