sexta-feira, 30 de abril de 2021

Taiwan: O Lugar Mais Perigoso da Terra

A percepção ocidental da China alterou-se de uma forma marcante na última meia-dúzia de anos. A pandemia partida de Wuhan (e que colocou o mundo inteiro em estado de sítio e disruptou as cadeias de logística da "globalização") veio acentuar ainda mais essa percepção negativa. Da ingénua (e geopoliticamente um pouco analfabeta) narrativa neo-liberal da "globalização feliz" e "democratização da China pela sua integração no mercado global" passou-se a algo bem diferente. The Economist, que foi um dos grandes arautos dessa narrativa, já vê na China uma enorme ameaça, como mostra sua capa desta semana.

Taiwan: The most dangerous place on Earth.


quarta-feira, 7 de abril de 2021

A velha Escravatura e a nova Falsificação da História

Escravatura: Para acabar de vez com a falsificação da História pelos "descoloniais" e outros "mamadous", com a cumplicidade de uma "elite" política venal e ignara

"Esclavage, l’histoire à l’endroit"


O novo livro de Bernard Lugan  

Présentation:

Tous les peuples ont pratiqué l’esclavage. Mais seuls les Blancs l’ont aboli. 

A travers la conquête coloniale, ils ont ensuite contraint ceux qui continuaient à le pratiquer à y renoncer. 

Or, seule la traite pratiquée par les Européens est criminalisée...

Le 10 mai 2001, en votant à l’unanimité la «Loi Taubira», les députés français ont ainsi imposé une vision à la fois idéologique et manichéenne de la traite esclavagiste. Cette loi ne dénonce en effet que la Traite pratiquée par les Européens, faisant l’impasse sur la traite arabo-musulmane laquelle ne prit fin qu’avec la colonisation. 

Christiane Taubira a justifié cette singulière hémiplégie historique afin que «les jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes» (L’Express, 4 mai 2006). 

Par leur vote, les députés français ont donc effacé de la Mémoire collective des dizaines de millions de victimes. A commencer par ces innombrables femmes et jeunes filles berbères razziées dans ce que les conquérants arabes appelaient la «moisson berbère». 

Ibn Khaldun évoquait à ce sujet les «belles esclaves berbères, de toison couleur de miel». Et que dire des millions d’enlèvements d’Européens opérés jusque dans les années 1800 en mer et le long des rivages méditerranéens, à telle enseigne que l’on disait alors qu’ «il pleut des esclaves chrétiens sur Alger»?

Cette loi fait également l’impasse sur le rôle des Africains eux-mêmes. 

Or, comme les Européens attendaient sur le littoral que leur soient livrés les captifs par leurs partenaires africains, il dépendait donc in fine de ces derniers d’accepter ou de refuser de leur vendre leurs «frères» noirs. 

La réalité historique est qu’une partie de l’Afrique s’est enrichie en vendant l’autre partie. 

Les captifs n’apparaissant pas par enchantement sur les sites de traite, ils étaient en effet capturés, transportés, parqués et vendus par des négriers noirs. Ce qui a fait dire aux évêques africains: 

«Commençons donc par avouer notre part de responsabilité dans la vente et l’achat de l’homme noir… Nos pères ont pris part à l’histoire d’ignominie qu’a été celle de la traite et de l’esclavage noir. Ils ont été vendeurs dans l’ignoble traite atlantique et transsaharienne» (Déclaration des évêques africains réunis à Gorée au mois d’octobre 2003).

Or, par haine de tout ce qui est «Blanc», ceux qui se sont baptisés «décoloniaux», nient ces réalités historiques au profit d’une fausse histoire qu’ils introduisent au forceps selon des méthodes terroristes et qui est lâchement acceptée par des «élites» européennes entrées en dhimitude doctrinale.


Le 19 juin 2020, le Parlement européen a ainsi voté une résolution surréaliste condamnant «l’utilisation des slogans qui visent à saper ou à affaiblir le mouvement Black Lives Matter et à en diluer la portée». Le groupe LFI a même déposé un amendement visant à ne reconnaître comme «crime contre l’humanité» que la Traite européenne, et non «la traite des esclaves» en général, comme cela était prévu dans le texte initial.

Cette entreprise de subversion connaît des développements apparemment insolites. Ainsi, au mois de mai dernier, en Martinique, deux statues de Victor Schoelcher, l’homme du Décret du 27 avril 1848 abolissant définitivement l’esclavage, ont été renversées à Fort de France et à … Schoelcher. 

Or, il n’y a ni inculture, ni crétinerie dans ces crimes iconoclastes, mais tout au contraire une claire attitude politique: un Blanc ne peut en effet mettre fin à l’esclavage puisqu’il est par essence esclavagiste… Alors, si les statues du père de l’abolitionnisme ont été renversées, c’est afin que soient mises à leur place celles de personnalités noires «esclavagisées» selon le vocabulaire «décolonial», et qui auraient lutté contre l’esclavage.

 Voilà donc les «décoloniaux» en plein complexe existentiel devenus les «esclaves de l’esclavage» selon la formule de Franz Fanon, lui qui refusait de se «laisser engluer par le déterminisme du passé».

Ce livre remettant totalement à plat l’histoire de l’esclavage était donc une nécessité. Loin des nuées et des incessantes manœuvres culpabilisatrices, cet ouvrage enrichi de plusieurs dizaines de cartes et illustrations, d’une bibliographie détaillée et d’un index est le manuel de réfutation de cette histoire devenue officielle dont la finalité est de paver la route de la repentance afin de faire des Européens des étrangers sur leur propre sol.




terça-feira, 6 de abril de 2021

Guerra Económica: China avança com "Segundo Choque".

O "Japan Times" revela e explica objectivos, meios estratégia da nova ofensiva económica de Xi Jinping.


The New China Shock

Japan Times | 2021.04.04 

Some months ago, the Chinese authorities approached some of the biggest foreign companies in the country and asked them to tap a representative to participate in a small closed-door gathering on China’s new economic strategy. The meeting was to be with a senior official at an undisclosed time and location, and, according to two people with direct knowledge of the matter who insisted on anonymity to discuss it, companies were asked to send only ethnic Chinese representatives. In both content and form, the episode captured China’s eagerness to make its economy more recognizably Chinese, developing its own technologies and energy sources while relying on domestic consumption rather than on foreign demand.

Chinese President Xi Jinping’s new strategy centers on the concept of “dual circulation.” Behind the technical-sounding phrase lies an idea that could change the global economic order. Instead of operating as a single economy that is linked to the world through trade and investment, China is fashioning itself into a bifurcated economy. One realm (“external circulation”) will remain in contact with the rest of the world, but it will gradually be overshadowed by another one (“internal circulation”) that will cultivate domestic demand, capital, and ideas.

The purpose of dual circulation is to make China more self-reliant. After previously basing China’s development on export-led growth, policymakers are trying to diversify the country’s supply chains so that it can access technology and know-how without being bullied by the United States. In doing so, China will also seek to make other countries more dependent on it, thereby converting its external economic links into global political power.

The shift to a dual-circulation strategy raises the specter of a new “China shock” that could dwarf the impact of the first one, which struck Western economies after China’s accession to the World Trade Organization in 2001. Although China’s inclusion in the WTO generated a huge amount of wealth and lifted millions of Chinese out of poverty, it also created losers in places like the American Rust Belt and the United Kingdom’s “red wall” districts, setting the stage for the U.K.’s Brexit referendum and former U.S. President Donald Trump’s election in 2016.

The West’s political class took a long time to wake up to the China shock, because it had committed to a strategy of “reciprocal engagement,” whereby Western consumers would benefit from low-cost Chinese imports, and Western companies would profit from China’s economic growth by tapping its massive market. These dynamics, it was assumed, would pressure China into opening up its market and society even more. But this assumption has not been borne out.

The new China shock’s impact on the West will differ fundamentally from the first one. For starters, the dual-circulation strategy will affect different parts of the economy and society. Rather than endangering legacy industries, the goal is to dominate cutting-edge sectors and compete with legal and financial firms in the City of London, automakers in Baden-Württemberg, and biotech firms in Sweden.

Specifically, Xi’s 2015 “Made in China 2025” plan emphasizes sectors such as artificial intelligence, semiconductors, batteries, and electric vehicles, and aims to increase the domestic content of core technological components to 40% by 2020, and to 70% by 2025. The goal is to use state subsidies, export controls, and controls on data to allow Chinese firms to replace foreign ones — or to make the foreign firms more Chinese. If Xi’s plan succeeds, the new China shock could hollow out as many high-paid jobs in tech and services as the first one did in heavy industry and textiles.

The shock will not end there. Today’s main geopolitical contest is not just about enforcing global rules; it is about who makes them. Whereas the West previously struggled to secure Chinese compliance with the trade, investment, and intellectual property (IP) frameworks it had crafted, China is now also seeking to make and enforce the rules.

There are already or have been Chinese heads at the International Telecommunication Union, the International Organization for Standardization, and the International Electrotechnical Commission, and Chinese companies are increasingly trying to define the future of technology. Huawei alone holds more than 100,000 active patents, particularly in 5G technology, where it is competing with Western companies like Ericsson and Nokia to set global standards.

Moreover, today’s competitive tensions are no longer contained within a bilateral Western-Chinese relationship. With its Belt and Road Initiative, China has already established a network of economic ties with more than 100 countries, and it will not hesitate to use these channels to export Chinese standards along with its model of state capitalism and state subsidies. Soon (if not already), Western companies will face the same uneven playing field in third markets as they do in China itself.

One implication of the new China shock is that the new rules on data, research and development, and standards will force prominent Western companies to acquire Chinese characteristics, unless they withdraw from China altogether. As one well-placed private-sector observer put it to me, “China’s idea is that if companies like Daimler or Volkswagen want to work in China, they will have to move services, R&D, and new products there. Beijing hopes that dual circulation will transform them into Chinese companies.”

Needless to say, the new China shock demands a different set of responses than the old one did. Rather than trying to transform China or make inroads into the Chinese market, the West’s priority must be to transform itself, not least by developing industrial and investment policies to spur innovation and protect its IP. And to ensure that their economic “champions” have access to economies of scale, Western countries must establish shared standards for privacy, data protection, carbon pricing, and other issues. Ideally, this cooperation would formalize new trade agreements, investment packages, financing, and regulations to expand the share of the global economy that is open to non-Chinese technologies and frameworks.

Europeans, for their part, will need to enact domestic reforms to protect themselves from economic coercion in a world of gated globalization and weaponized interdependence. While much of the attention now is on China’s crackdown in Hong Kong and repression of the Uyghur minority in Xinjiang, there is an even bigger shock wave approaching. Western leaders must not be caught off balance again.

segunda-feira, 5 de abril de 2021

Entrevista com o principal estratega chinês general Qiao Liang

“A China Dominará o Mundo”

IntelNomics agradece aos nossos nossos amigos da “Conflits” a disponibilização desta entrevista com o estratega da RPCh, que é o texto mais elucidativo e actualizado da estratégia de conquista global dos comunistas chineses, de todos os que circulam no Ocidente, só comparável ao livro publicado por este general, em finais do século passado, o “Guerra Sem Limites”. Indispensável, portanto, para compor uma grelha de leitura capaz de “ler” esta China e até a crise do Covid-19 que o general Qiao Liang também aqui aborda. Tão pouco será necessário dizer que a leitura desta entrevista não pode ser “literal” mas que é necessário interrogar cada palavra dita por Qiao Liang e procurar respostas ao “por que o disse ele e o que quer dizer ao dizê-lo...” e até, em certos momentos, ao “por que não disse ele que...”. Repare-se, por exemplo no verbo que ele usa para caracterizar a futura relação da China com o mundo: Dominar. Atente-se nisso...

Boa leitura e “un grand merci” à Conflits.

“Conflits vous propose ce texte pour comprendre la Chine et la vision des dirigeants chinois. Il est essentiel d’aller aux sources et d’écouter ce que disent les autres pour comprendre leur vision du monde.

Sans complexe, ce général dit sa volonté d’envahir Taïwan et de développer l’hégémonie chinoise. C’est un document exceptionnel qui nous plonge au cœur du système chinois.

Nous remercions Laurent Gayard (Docteur en études politiques du centre Raymond Aron de l’EHESS et Professeur à l’Institut Catholique de Paris) qui a assuré la traduction de ce texte et Waldemar Brun Theremin pour nous l’avoir signalé.

Les intertitres sont de Conflits. Ils permettent de suivre les thèmes de l’entretien.

La Chine dominera le monde

Entretien avec le Général Qiao Liang

Conflits | 07 Mai 2020

Écouter ce que dit la Chine pour comprendre ce pays, sa vision du monde et son système de pensée est une nécessité pour affronter le nouvel ordre mondial. La Chine souhaite envahir Taïwan et assurer son hégémonie sur le monde. C’est ce que dit le Général Qiao Liang, dans un entretien publié en chinois. Un document exceptionnel, à lire pour comprendre.  

L’auteur: Qiao Liang est un général de l’armée de l’air à la retraite. Il est professeur à l’Université et il a publié de nombreux ouvrages de stratégie, dont un a été traduit en français: “La guerre hors limite”. Il est directeur du Conseil pour les Recherches sur la Sécurité Nationale et membre de l’Association des Écrivains Chinois. Il s’exprime ici à titre privé et sa parole n’engage pas le gouvernement chinois. Toutefois, ce qu’il dit est dans la ligne de ce que pense les plus hautes autorités chinoises.

Le Général Qiao Liang est interviewé par les reporters Wei Dongsheng et Zhuang Lei dans le numéro de mai 2020 du magazine Bauhinia (Zijing), revue chinoise publiée à Hong Kong.

Actuellement, la situation épidémique de la Nouvelle Pneumonie coronarienne a été essentiellement contrôlée en Chine. Mais ce que l’on ne peut ignorer, c’est que la propagation de l’épidémie mondiale et la réaction en chaîne qui en résulte pourraient provoquer une deuxième «onde de choc» énorme pour la Chine. Récemment, les États-Unis ont lancé des opérations d’évacuation dans de nombreux pays et ont appelé toutes les entreprises américaines en Chine à évacuer. M. Trump a signé le «Taipei Act»[1] lorsque la nouvelle épidémie de pneumonie américaine a fait rage. Comme le dit le proverbe, si quelque chose tourne mal, il doit y avoir un démon. Quelle conspiration se cache derrière ces comportements anormaux aux États-Unis? Quel impact majeur l’épidémie aura-t-elle sur le schéma mondial? Y aura-t-il des conflits entre la Chine et les États-Unis et entre les deux parties? Dans le contexte actuel, comment la Chine devrait-elle réagir? Notre reporter a récemment interviewé le général Qiao Liang, professeur à l’université de la défense nationale et célèbre expert militaire, sur ces questions brûlantes.

Les États-Unis face à la Chine

Journaliste: Récemment, les États-Unis ont commencé à évacuer les Chinois d’outre-mer dans de nombreux pays. De plus, l’armée américaine a également mobilisé la base militaire de Cheyenne Mountain, a fait appel à des millions de forces de réserve et a mis en garde les citoyens et les soldats américains à l’étranger. La réalité est que les États-Unis sont devenus le pays le plus sévère du monde, et il est évidemment plus sûr pour les Américains de rester dans des pays étrangers que dans leur propre pays. Pourquoi est-il nécessaire de déclencher l’évacuation des Chinois à l’étranger dans de telles circonstances? Ces circonstances indiquent-elles que la «guerre mondiale est sur le point d’éclater», ce que certains médias estiment non sans fondement?

Qiao Liang: Mon opinion est exactement l’inverse sur cette question. Les États-Unis ont pris ces mesures alors que l’épidémie se contracte complètement. Les États-Unis sont un pays très vigilant, et je pense que ces pratiques sont des mesures de précaution opportunes, visant à empêcher les gens de profiter de l’occasion pour «conspirer» contre les États-Unis. Cela semble un peu ridicule, car aucun pays ne prend prétexte actuellement du danger que représentent les États-Unis pour les inquiéter. Bien sûr, on ne peut pas exclure que des organisations terroristes puissent faire quelque chose, mais il est peu probable que la plupart des pays aient la capacité de viser les États-Unis. Bien qu’il soit certain que personne n’attaquera les États-Unis, ces derniers doivent cependant prendre des précautions.

Les États-Unis sont actuellement dans un moment d’épidémie, et non de crise économique ou autre crise intérieure. La guerre extérieure ne peut pas résoudre le problème de l’épidémie ni détourner l’attention de la crise intérieure. Qui plus est, les États-Unis mobilisent actuellement les quatre principaux secteurs économiques, plus de 150 bases sont infectées, et quatre porte-avions et un sous-marin nucléaire se trouvent à quai. Certains disent qu’il faut empêcher une montée aux extrêmes. Mais le problème est-il vraiment qu’il soit possible de monter? Quelle montée? Cela peut-il atténuer l’épidémie aux États-Unis?

Certains disent que la guerre d’aujourd’hui est une question de haute technologie. Les États-Unis ont une avance incontestable en matière de haute technologie. Il n’est donc pas exclu qu’ils puissent encore mener une guerre de haute technologie face à l’épidémie. Cela semble tout à fait raisonnable, et même irréfutable. Mais la haute technologie dépend de l’industrie manufacturière. Avoir des capacités de R&D ne se traduit par automatiquement par des capacités high-tech, et la transformation de capacités de R&D en moyens high-tech est indispensable et dépend de l’un des facteurs les plus importants qui sont les capacités de fabrication. En d’autres termes, la bataille finale reste la fabrication. À en juger par la situation actuelle de l’industrie manufacturière américaine, qui est en déclin, si elle veut aujourd’hui faire la guerre à un pays quelconque, elle est en train de manger son stock d’armes et d’équipements. Si les États-Unis veulent se battre contre le plus grand pays manufacturier alors que l’industrie manufacturière s’est vidée, comment vont-ils combattre? Ils épuisent leurs stocks, et comment faire s’il n’y a pas d’augmentation ultérieure? C’est ce dont les Américains, y compris ceux qui sont optimistes à l’égard des États-Unis, doivent vraiment s’inquiéter aujourd’hui.

Beaucoup de gens ne le voient pas, pensant que la force de la science et de la technologie américaines peuvent leur permettre de tout faire.

La puissance scientifique et technologique des États-Unis est effectivement importante, mais si la recherche et le développement ne peuvent pas être convertis en produits à grande échelle, cela équivaut en fait à se décerner un diplôme de puissance technologique et scientifique sans résoudre le problème. Par exemple, aux États-Unis, la détection des acides nucléiques du nouveau coronavirus permettrait de moderniser six générations d’équipement médical, et d’instruments qui sont plus perfectionnés de génération en génération. On peut donc constater que la puissance scientifique et technologique des États-Unis est effectivement avancée, mais combien de ces appareils peuvent-ils produire? Cet équipement peut-il être utilisé par les Américains? Même si le matériel de test est très avancé, qu’en est-il du système médical? Pour détecter ces patients, s’il n’y a pas assez de matériel médical et pas assez de ventilateurs, le problème ne peut être résolu et des milliers de personnes devront mourir. 

À cette occasion, la société américaine Medtronic a complètement violé ses droits de propriété intellectuelle pour leur respirateur et a laissé d’autres pays le produire, notamment la Chine. Pourquoi? Est-ce parce que les considérations humaines et morales ont prévalu dans ce cas? Je ne nie pas qu’il y ait une telle possibilité, mais ce qui est plus important c’est que les Américains n’ont pas la capacité de produire de respirateurs dont ils possèdent les brevets. Sur 1.400 pièces du ventilateur, plus de 1.100 doivent être produites en Chine, y compris l’assemblage final. C’est le problème des États-Unis aujourd’hui. Ils disposent d’une technologie de pointe, mais n’ont pas de méthodes et de capacité de production, ils doivent donc s’appuyer sur la production chinoise.

Il en va de même pour la guerre. Aujourd’hui, la guerre est toujours une industrie manufacturière. Certains disent que la guerre aujourd’hui est une confrontation de réseaux, la puce est reine. Oui, les puces jouent un rôle irremplaçable dans les guerres modernes de haute technologie. Mais la puce elle-même ne peut pas combattre, la puce doit être installée sur diverses armes et équipements, et toutes sortes d’armes et d’équipements doivent d’abord être produits par une industrie manufacturière forte. On admet que les États-Unis se sont appuyés sur une industrie manufacturière forte pour gagner la Première et la Seconde Guerre mondiale.

Il n’y a rien de mal à cela. Mais les États-Unis disposent-ils encore d’une industrie manufacturière assez forte pour gagner la Première et la Seconde Guerre mondiale? Depuis un demi-siècle, après que le dollar se soit séparé de l’or, les États-Unis ont progressivement utilisé le dollar pour profiter du monde. De fait, ils ont abandonné leur industrie manufacturière bas de gamme et se sont progressivement transformés en un pays d’industries fantômes. Si le monde est en paix et que tout le monde est en paix avec les autres, il n’y a pas de problème. Les États-Unis impriment des dollars américains pour acheter des produits du monde entier, et le monde entier travaille pour les États-Unis. 

Tout cela est très bien. Mais en cas d’épidémie ou de guerre, un pays sans industrie manufacturière peut-il être considéré comme un pays puissant? Même si les États-Unis continuent à disposer de la haute technologie, à avoir des dollars et à avoir des troupes américaines, tous ces éléments ont besoin d’un soutien manufacturier. Sans industrie manufacturière, qui soutient votre haute technologie? Qui soutient votre dollar? Qui soutient votre armée américaine? 

Pour parer à cela, la réponse de la Chine est de continuer à maintenir, développer et améliorer son industrie manufacturière, non seulement pour améliorer, mais aussi pour maintenir la fabrication traditionnelle. Il est impossible de moderniser toutes ces capacités de production. Si toutes devaient être mises à niveau et remplacées, l’industrie manufacturière traditionnelle serait abandonnée. Lorsque les États-Unis ont besoin d’un grand nombre de masques comme aujourd’hui, le pays tout entier ne dispose même pas d’une chaîne de production complète. Dans de telles circonstances, ils ne peuvent pas réagir à l’épidémie aussi rapidement et avec autant de force que la Chine. Par conséquent, ne sous-estimez pas l’industrie manufacturière bas de gamme, et ne considérez pas l’industrie manufacturière haut de gamme comme le seul objectif du développement manufacturier de la Chine. Vous ne pouvez pas vous passer des compétences en matière d’entretien et de gestion ménagère. 

En outre, nous devons également voir que l’efficace campagne antiépidémique de la Chine, en plus des mesures introduites par le gouvernement, donne à voir que les mesures correctives furent très opportunes et que les gens ont été très coopératifs, et qu’une chose venue des États-Unis a été bénéfique, c’est l’Internet. Des choses comme le paiement en ligne, la livraison du commerce électronique et les services de courrier sont toutes originaires des États-Unis, mais où ces inventions américaines ont-elles finalement prospéré? En Chine. La Chine a adopté l’Internet, et l’Internet des Objets, mettant l’Internet, en particulier le cloud pour l’e-commerce, au service de la production et de la vie dans la société moderne et on peut dire qu’elle est en tête dans ce domaine. Bien que la propriété intellectuelle ne soit pas entre nos mains et que le serveur racine ne soit pas entre nos mains, cela ne nous empêche pas de l’utiliser au mieux.

Il y a de nombreuses raisons à cela, qui sont complexes. Cependant, on peut effectivement constater que nous sommes meilleurs que d’autres pays dans l’utilisation de la haute technologie et des nouvelles technologies, ce qui est dû aux forte capacités d’apprentissage des Chinois. Nous devrions continuer à cultiver notre avance à cet égard. En plus des qualités du système national, nous devons également apprendre des autres puis appliquer ce que nous avons appris pour en tirer avantage. C’est là notre force face à un avenir imprévisible si une nouvelle épidémie se déclare. Nous devons la maintenir. 

Industrie et délocalisation 

Journaliste: Certains médias ont rapporté que M. Kudlow, président de la Conférence économique nationale de la Maison-Blanche, a appelé au retrait de toutes les entreprises américaines en Chine, et a déclaré que le gouvernement américain rembourserait à 100% les frais de retour de Chine. Cela signifie-t-il que les États-Unis se préparent à se «découpler» de la Chine et à accélérer progressivement le rythme? Les États-Unis joueront-ils un rôle positif dans la mise à niveau de l’industrie manufacturière locale? Quel est l’objectif réel derrière le fait d’encourager les entreprises nationales à quitter la Chine? 

Qiao Liang: À mon avis, il n’est pas si facile pour les pays développés de se «découpler» de la Chine et de reprendre la fabrication locale. Le dilemme est que si vous voulez reprendre la fabrication, vous devez être mentalement préparé, ou partager les mêmes difficultés et douleurs avec la Chine, et recevoir un salaire égal pour un travail égal, afin que les produits et la main-d’œuvre soient au même prix que la Chine (sinon les produits ne seront pas plus compétitifs que la fabrication chinoise). Cela équivaut à renoncer à l’hégémonie de la monnaie et au pouvoir de fixer les prix des produits et à descendre du sommet de la chaîne alimentaire; ou à continuer à être au sommet de la chaîne alimentaire, de sorte que le revenu des employés continue à être plus de 7 fois supérieur à celui de la Chine, ce qui rend le produit non compétitif et les entreprises peu rentables. Si le premier objectif est recherché, les États-Unis et l’Occident devront revenir au niveau des pays ordinaires, en particulier les États-Unis. Si cela n’est pas possible, le retour des industries manufacturières aux États-Unis et en Occident ne sera qu’une vue de l’esprit.

L’argument selon lequel le Vietnam, les Philippines, le Bangladesh, l’Inde et d’autres pays sont susceptibles de devenir des substituts à la main-d’œuvre bon marché en Chine ne consiste en fait qu’à compter la population, mais réfléchissez au fait de savoir lequel des pays susmentionnés compte plus de travailleurs formés que la Chine? Même avec l’augmentation des revenus des Chinois d’année en année, le dividende du travail est épuisé, mais combien de ressources humaines de milieu et de haut de gamme ont été produites en Chine au cours des 30 dernières années? Qui a formé plus de 100 millions d’étudiants de premier cycle et de niveau universitaire? L’énergie de cet ensemble de personnes est encore loin d’être libérée dans le développement économique de la Chine. Par conséquent, laisser la main-d’œuvre bon marché d’autres pays se substituer au made in China est un vœu pieux.

Quant à ceux qui disent que l’Occident peut utiliser beaucoup de robots pour compléter la localisation de la fabrication, on ne peut pas dire que cette possibilité est inexistante, mais si les robots sont vraiment utilisés pour restaurer la fabrication locale des États-Unis ou d’autres pays occidentaux, y compris le Japon, comment résoudre le problème du taux d’emploi? L’utilisation d’un grand nombre de robots signifie qu’une plus grande partie de la main-d’œuvre est au chômage. La population active a diminué. Que devrait faire le gouvernement américain? Qu’en est-il des gouvernements des pays occidentaux? Ont-ils vraiment les moyens financiers de nourrir en vain l’armée de chômeurs de ces différents pays? Mais si vous ne les soutenez pas, qui votera pour votre arrivée au pouvoir? De toute évidence, Trump et Abe n’ont pas bien réfléchi à la question en soutenant le retour de leurs entreprises respectives en Chine sur le marché local. 

Les Occidentaux sont tous conscients de l’importance de restaurer l’industrie manufacturière et sont conscients de l’état de détresse dans lequel se trouve leur économie réelle. Que cette prise de conscience soit réelle c’est une autre question. Ce qui importe c’est de se demander: lorsqu’un pays comme les États-Unis se rend compte que l’industrie manufacturière doit reprendre, peut-il réellement reprendre la fabrication? C’est en fait très difficile. 

En fait, après la crise financière internationale de 2008, les États-Unis ont déjà pris conscience des conséquences de l’effondrement de l’industrie. L’épidémie actuelle n’a pas plus mis en lumière l’absence douloureuse d’industries manufacturières qui manquent plus cruellement aux moyens de subsistance des gens, mais dans quelle mesure est-il facile de reprendre la fabrication? Où sont les entrepreneurs, les ingénieurs et les travailleurs qualifiés?

Le coût de la main-d’œuvre aux États-Unis est 7 fois plus élevé qu’en Chine. Comment les bénéfices des entreprises peuvent-ils être créés? Même si le gouvernement réduit les impôts et que les employés diminuent automatiquement leurs salaires de moitié, ce sont autant de mesures d’urgence à court terme. Parce que les taxes seront réduites, les recettes fiscales américaines le seront aussi. Comment maintenir une puissance nationale et militaire forte? Les salaires bas, c’est possible en période extraordinaire, est-ce que ça l’est en temps normal? De plus, les revenus des particuliers seront réduits de moitié, et la consommation sera également réduite de moitié. Comment stimuler la production? Si la production n’augmente pas, le PIB diminuera, les États-Unis peuvent-ils alors conserver leur position de leader mondial? Ces questions, M. Trump n’a pas dû y penser lorsqu’il a fait les promesses évoquées ci-dessus. De plus, si l’industrie manufacturière repart, les produits doivent être vendus, et un excédent sera généré, et l’hégémonie du dollar ne peut être obtenue qu’en fournissant des liquidités au monde, c’est-à-dire qu’elle doit être acceptée par le biais du déficit. Comme les autres pays n’accepteront pas l’hégémonie du dollar s’ils n’utilisent pas de dollars, les États-Unis doivent également faire avec une économie déficitaire. 

La canne à sucre n’est pas douce aux deux bouts, et pour fournir des liquidités aux autres, il est nécessaire d’acheter les produits des autres. Mais si vous relancez l’industrie manufacturière, vous n’avez pas besoin d’acheter les produits des autres. De cette façon, il y aura moins de dollars qui circuleront vers les autres pays, et lorsque d’autres pays commercent entre eux, ils devront trouver d’autres devises. Y aura-t-il encore une hégémonie du dollar? Plus important encore, le rétablissement de l’industrie manufacturière portera gravement atteinte aux intérêts des groupes de capitaux financiers américains. Que peut faire Wall Street? Que peut faire la Fed? 

L’approche de Trump est différente de celle des précédents présidents américains depuis 50 ans. Les précédents présidents américains depuis 50 ans maintenaient tous l’hégémonie du dollar, et Trump veut maintenant relancer l’industrie manufacturière. Avec un tel coup d’éclat subversif aux États-Unis, il y a une plus grande possibilité que la finance et l’économie virtuelle n’en reviennent pas. En conséquence, l’empire est en danger.

La Chine n’a pas renoncé à envahir Taïwan

Journaliste: Récemment, Trump a signé le «Taipei Act»[2], qui a été signé au moment où la nouvelle épidémie américaine de pneumonie coronaire faisait rage. Ils ont choisi d’intervenir dans la question de Taïwan à cette époque. Qu’est-ce qui les a poussés à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine? Quel impact cela aura-t-il sur les relations entre la Chine et les États-Unis et sur les relations entre les deux rives du détroit? Certains médias pensent que l’épidémie actuelle aux États-Unis est grave et que nous n’avons plus le temps pour l’automédication. Il faut saisir l’opportunité offerte pour résoudre la question de Taïwan. Qu’en pensez-vous?

Qiao Liang: Est-ce le meilleur moment pour résoudre la question de Taïwan? La première chose à considérer est de savoir si la Chine se trouve actuellement à un point critique dans le processus de renaissance nationale. En ce moment, la Chine est confrontée à une situation complexe qui n’a jamais été vue dans le monde moderne, en particulier dans une situation où les États-Unis ignorent totalement la Chine. Si nous nous employons à résoudre la question de Taïwan, est-il possible que nous nous perdions de vue et que cela puisse interrompre le processus de redressement de la Chine?

Deuxièmement, la solution de la question de Taïwan est-elle en relation partielle ou globale avec la grande revitalisation de la nation chinoise? Si elle n’est elle pas résolue immédiatement, cela ne laisse-t-il pas le temps de pousser plus avant le processus de rajeunissement national?

Troisièmement, la question de savoir si le détroit de Taïwan entrera en guerre dépend-il du nombre de mesures prises par les États-Unis sur la question de Taïwan ou de l’attitude de la Chine? Cela dépend-il du jugement que la Chine porte sur la situation internationale et sur la situation intérieure (à mon avis, le jugement sur la seconde est meilleur que sur le premier)? Quatrièmement, la nature de la question de Taïwan est-elle une question de relations sino-américaines, ou s’agit-il simplement de relations entre les deux pays? La question de Taïwan peut-elle être entièrement résolue avant que le conflit entre la Chine et les États-Unis ne soit soldé? Si elle est réglée à l’avance, maintenant, le prix que la Chine aura à payer sera-t-il plus ou moins élevé, et quel sera l’impact sur les transports chinois? 

Même si nous avons compris les questions ci-dessus, il y aura une d’autres questions qui se poseront, ce qui nous oblige à continuer à réfléchir et à y répondre. Bien que les États-Unis soient en situation d’épidémie et de difficultés économiques, ils disposent encore d’une puissance militaire pour s’ingérer directement ou indirectement dans la question du détroit de Taiwan, choisir Wutong[3] donnerait aux États-Unis une bonne excuse pour bloquer et sanctionner la Chine et la couper du monde occidental, tout en donnant l’occasion aux Américains de mettre leurs propres difficultés de côté et de nous affaiblir parce que les États-Unis et la Chine sont bien conscients que la Chine est toujours fortement dépendante des ressources et des marchés étrangers. En tant que pays producteur, nous ne pouvons pas encore satisfaire notre industrie manufacturière avec nos propres ressources et nous reposer sur notre propre marché pour digérer nos produits. Donc, à l’heure actuelle, si nous pensons que c’est la meilleure occasion de reconquérir Taïwan, est-ce que ce ne sera pas une bonne chose également pour les États-Unis et certains pays mal intentionnés? Ces facteurs externes sont également des facteurs dont nous devons tenir pleinement compte lors de la prise de décisions.

C’est sans aucun doute une bonne chose à faire pour les Chinois de mener à bien la grande cause de la réunification, mais c’est toujours une erreur si la bonne chose est faite au mauvais moment. Nous ne pouvons agir qu’au bon moment. Il ne faut pas prendre une décision stupide qui fera perdre tout le temps. Nous ne pouvons pas laisser notre génération commettre le péché d’interrompre le processus de renaissance de la nation chinoise. En ce qui concerne la question territoriale, la plupart des gens ont encore une pensée traditionnelle, c’est encore la sensibilité des petits agriculteurs qui aiment la terre qui prédomine en dernière analyse. Élargie, la souveraineté territoriale est considérée comme un synonyme de souveraineté nationale, pourtant elle ne peut englober à elle seule le sens complet de la souveraineté nationale moderne. 

Dans le monde actuel, la souveraineté économique, la souveraineté financière, la cyber-souveraineté, la souveraineté de la défense, la souveraineté des ressources, la souveraineté alimentaire, la souveraineté des investissements, la souveraineté biologique, la souveraineté culturelle, la souveraineté du discours et d’autres aspects liés aux intérêts et à la survie des pays font tous partie de la souveraineté nationale. Ne pensez pas que seule la souveraineté territoriale est liée aux intérêts fondamentaux du pays. D’autres souverainetés sont également des intérêts fondamentaux majeurs, parfois plus prioritaires encore que la souveraineté territoriale, déterminant aussi la vie ou la mort. 

Par exemple, afin de sauver leur propre économie, les États-Unis n’hésitent pas à vendre des billions de devises, de sorte que leurs réserves de change sont diluées avec de l’eau. La guerre commerciale vous a obligé à faire usage des produits physiques contre les profits et à être volé en retour par le biais de tarifs douaniers plus élevés. Les intérêts économiques de la Chine ont été grandement atteints et la souveraineté économique a été gravement affaiblie, mais vous êtes également incapable de la protéger. À l’heure actuelle, même si vous avez le pouvoir de protéger l’intégrité territoriale, pensez-vous que tout va bien, ne pouvez-vous pas envisager d’autres questions de souveraineté qui sont tout aussi importantes, voire plus importantes encore? Qui connaît le problème de cette façon n’est pas une personne vraiment moderne. 

Je ne dis pas cela pour dire que la question territoriale n’est pas importante, mais pour souligner qu’en tant que personne moderne, on doit comprendre que d’autres souverainetés du pays sont aussi importantes que l’intégrité territoriale, et ne pas les perdre de vue. La question territoriale ne peut pas être mise en avant à un degré plus élevé que les autres souverainetés même si elle ne doit pas être négligée. Mais en même temps, nous devons aussi nous demander si la question de «l’indépendance de Taïwan» ne risque pas de nous entraîner trop loin si nous envisageons la guerre pour résoudre cette question. Face au soutien des États-Unis et des pays occidentaux, pouvons-nous seulement faire quelque chose? Pas nécessairement. 

Pour freiner «l’indépendance de Taïwan», en plus des options de guerre, davantage d’options doivent être prises en considération. Nous pouvons penser à des moyens d’agir dans l’immense zone grise entre la guerre et la paix, et nous pouvons même envisager des moyens plus particuliers, comme lancer des opérations militaires qui ne déclencheront pas de guerre, mais qui peuvent consister en un usage modéré de la force modérée pour dissuader «l’indépendance de Taïwan».

Certains demandent si l’usage de la force n’est pas une guerre. Je pense qu’il s’agit d’un malentendu évident. Lorsque les États-Unis ont bombardé l’ambassade de Chine en Yougoslavie, ou ont décapité le commandement des Gardiens de la Révolution[4] , pouvait-on dire qu’il s’agissait d’une guerre contre la Chine ou l’Iran? Non. Mais n’était-ce pas une opération militaire? Oui. Parce qu’elle utilise la force. Pour résoudre les problèmes liés aux «opérations militaires non guerrières», nous devrions vraiment apprendre des Américains avec un esprit ouvert. Il y a toujours plus de solutions que de problèmes. Il y a un problème, et il peut y avoir dix solutions. La clé est de savoir comment nous choisissons la meilleure solution. 

Pourquoi formuler l’analyse et le jugement ci-dessus? C’est parce que, à mon avis, le Congrès américain et le gouvernement ont introduit la «loi de Taipei»[5] à ce moment précis. L’intention n’est pas de pousser la Chine dans ses retranchements. C’est principalement parce que le gouvernement américain, le Congrès et les décideurs politiques sont en difficulté aux États-Unis, que ce soit face aux problèmes de l’épidémie ou à ceux du manque de fabrication, qu’il est nécessaire de se débarrasser de leur propre dilemme, et il n’y a pas de solution du tout, donc les États-Unis ne peuvent pas laisser la Chine «en paix», ils veulent rallier ses opposants, créer des sujets de préoccupation, occasionner des dépenses d’énergie, l’amener à se disperser et utiliser cette méthode pour se donner à lui-même des occasions de respirer et de gagner du temps. En même temps, cette méthode de dispersion de l’énergie et du pouvoir conduit à affaiblir notre force nationale et à entraver la marche du progrès. Telle est la principale intention des États-Unis en continuant à ajouter du chaos pour la Chine. 

Quant à l’impact sur la Chine, je pense que si nous devons danser avec les loups, nous ne devons pas danser au rythme des États-Unis. Nous devons avoir notre propre rythme, et même essayer de casser son rythme, afin de minimiser son influence. S’il le pouvoir américain a retourné son bâton, c’est qu’il est dans le piège. Nous ne pouvons pas permettre aux États-Unis de creuser des fosses une par une pour nous (le Taipei Act est la dernière fosse pour la Chine), et sauter dans les fosses un par un. Au lieu de sauter dans la fosse, il faut compenser son impact. Il y a des choses que nous pouvons ignorer, d’autres que nous pouvons ignorer d’une manière que les Américains n’aiment pas. Les Américains nous posent des questions maintenant et nous y répondons. Mais nous ne pouvons pas changer notre façon de penser, poser nous aussi des questions et laisser les Américains y répondre? Ces méthodes sont autant de moyens de compenser l’influence des États-Unis, y compris la façon dont ils utilisent la question de Taïwan pour nous affecter.

L’influence de l’attitude des politiciens américains sur les relations entre les deux rives du détroit va sans aucun doute réjouir les autorités de Tsai Ing-wen[6]. Mais les Taïwanais, y compris Tsai Ing-wen, ne se racontent-ils pas des histoires? Dans quelle mesure les Américains vont-ils tenir leurs promesses envers Taïwan? Les Américains encouragent l’indépendance de Taïwan, mais y aura-t-il vraiment un risque de guerre pour Taïwan quand l’indépendance de Taïwan sera punie alors que le Congrès américain proclame «nous ne laisserons jamais notre jeunesse saigner pour la question de Taïwan»? Sans compter que même si les Américains laissent vraiment leur jeunesse saigner pour la question de Taïwan, cela ne suffira peut-être pas à contrer la détermination et la capacité de la Chine à réunifier Taïwan. Qu’arrivera-t-il à l’indépendance de Taïwan si les Américains ne saignent pas pour Taïwan? Qu’arrivera-t-il aux autorités anglaises de Taïwan? À ce stade, je pense que Tsai Ing-wen a en fait beaucoup de choses à l’esprit. Ainsi, à ce jour, elle n’ose toujours pas tirer ouvertement le drapeau de l’indépendance de Taïwan et n’ose faire qu’un petit pas en avant, en disant que Taïwan est en fait un pays. Elle a seulement osé aller jusque-là, mais pas plus loin. Parce qu’aller plus loin, mettra en colère 1,4 milliard de personnes, cela peut avoir des conséquences inimaginables et désastreuses pour n’importe quel pays ou région.

La Chine doit d’abord faire preuve de détermination stratégique pour résoudre la question de Taïwan, et ensuite de patience stratégique. Bien entendu, cette prémisse est que nous devons développer et maintenir notre force stratégique pour résoudre la question de Taïwan par la force à tout moment.

Épidémie et nouvel ordre du monde

Journaliste: Tout le monde parle de l’impact de l’épidémie sur le monde, en évoquant des événements aussi importants que la Première et la Deuxième Guerre mondiale et la désintégration de l’Union soviétique. Que pensez-vous de cette déclaration? Comment l’épidémie va-t-elle changer le schéma mondial?

Qiao Liang: L’impact de l’épidémie de Nouvelle Pneumonie coronarienne sur le monde, parce qu’il s’agit d’un événement actuel et qu’il est encore en fermentation, peut être considéré comme un événement aussi déterminant que ceux connus par le passé, et on peut même le décorréler de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la chute de l’Union soviétique. Tous ces événements sont à la même hauteur. Je pense qu’un tel jugement est fondamentalement conforme aux faits, et il n’est pas exagéré, mais la plupart des gens ne le voient pas. 

En fait, le nouveau coronavirus lui-même n’a pas un effet si important. Au moins jusqu’à présent, il n’a pas été aussi tragique que la Première et la Deuxième Guerre mondiale qui n’ont cependant pu changer le paysage international du jour au lendemain, comme l’effondrement de l’Union soviétique. Ce n’est pas la première fois que l’homme est confronté à une épidémie, et toutes les épidémies n’apportent pas un changement aussi important. Pour tout changement, la cause externe est le facteur déclenchant, et la cause interne est le facteur décisif. Cette épidémie n’est que la dernière goutte d’eau qui viendra écraser ce cycle de mondialisation et la force motrice de la mondialisation.

Si cette épidémie se produisait dans les années 1950 et 1960, penserait-on vraiment qu’elle mettrait les États-Unis dans un tel embarras, et l’Europe dans un tel embarras? Pourquoi l’épidémie qui se produit aujourd’hui embarrasse autant l’ensemble du monde occidental? L’essentiel n’est pas de savoir à quel point l’épidémie est terrible, mais de réaliser que les États-Unis et l’Occident ont tous deux connu leur heure de gloire, et qu’ils sont confrontés aujourd’hui à cette épidémie alors qu’ils déclinent. L’épidémie arrive à ce moment, et même si ce n’est qu’une brindille, elle peut faire briser le dos du chameau qui a déjà du mal à marcher. C’est la raison la plus profonde.

Pourquoi les pays occidentaux ont-ils franchi ce pas ? Nous pouvons y réfléchir. Au cours du dernier demi-siècle, les États-Unis ont ouvert la voie, puis l’Europe et les pays occidentaux ont suivi, ils se sont engagés dans une voie économique virtuelle et ont progressivement abandonné l’économie réelle. Pour ces pays, cette tendance peut sembler être un avantage que les pays développés obtiennent pour rien, mais en fait, elle a entamé leurs forces vives. C’est en fait la même raison pour laquelle la Rome antique s’est progressivement effondrée au cours de la période ultérieure en raison de son arrogance et de son extravagance, qui a finalement conduit à l’effondrement de l’empire.

Je pense qu’après l’épidémie, les États-Unis et les pays occidentaux vont certainement essayer de se remettre sur pied. Beaucoup de gens ont encore confiance dans les États-Unis et les pays occidentaux, c’est-à-dire qu’ils croient qu’ils ont une forte capacité à corriger les erreurs, mais il n’est possible de corriger les erreurs qu’avec une force économique et une confiance suffisante. Dans le passé, les Américains corrigeaient les erreurs et ne se plaignaient jamais des autres. Maintenant que les Américains ne peuvent plus corriger leurs propres erreurs, ils commencent à faire porter la responsabilité sur les autres. Les pays occidentaux ont également renvoyé la balle à la Chine, et même certains de nos pays amis d’origine se sont trouvés dans la même situation et ont agi de même. 

La raison fondamentale en est que quiconque n’a pas la capacité de corriger ses erreurs aime automatiquement renvoyer la balle. Ils fantasment qu’il est tout simplement impossibles de restaurer leur propre économie et renvoient les responsabilités afin de pouvoir les réparer et les corriger. En fait, les Occidentaux devraient réfléchir à de nombreux aspects de cette séquence, y compris à leur système médical et à leur système de valeurs. Lorsqu’ils ont été confrontés à l’épidémie, ces systèmes étaient presque impuissants et sans défense. Quelle en est la raison ? Si vous n’arrivez pas à le comprendre, pouvez-vous résoudre le problème en rejetant simplement la responsabilité sur la Chine ? Tout comme la guerre ne peut pas être utilisée pour vaincre l’épidémie, il est également impossible de renvoyer la balle pour corriger ses propres erreurs. 

Je pense que l’Occident passera au moins une douzaine de mois à deux ans après l’épidémie pour réparer sa propre économie et réparer son propre traumatisme. Dans ce processus, les soi-disant responsabilités et revendications envers la Chine sont toutes fantaisistes, et finiront par disparaître face à la une situation post-épidémique plus grave. La Chine devrait avoir suffisamment confiance en elle pour savoir que tant qu’elle pourra rester suffisamment forte et maintenir avec ténacité ses capacités de production, personne ne pourra lui porter atteinte. 

Quand les États-Unis sont forts, qui peut les accuser de la propagation du sida? Les gens n’ont pas accusé les États-Unis parce que les forces expéditionnaires américaines ont apporté en Europe la grippe qui a éclaté aux États-Unis à la fin de la Première Guerre mondiale et qui a finalement été appelée grippe espagnole. Pourquoi personne n’a mis en cause les États-Unis? C’était à cause de la force des États-Unis à cette époque. Tant que la Chine restera forte et se renforcera, personne ne pourra la faire tomber avec des prétendues revendications de responsabilité. La Chine devrait avoir confiance en elle.

Source

Cet article a été publié dans le numéro de mai 2020 du magazine Bauhinia 

Notes

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/Taiwan_Allies_International_Protection_and_Enhancement_Initiative_Act

[2]    https://www.congress.gov/bill/116th-congress/senate-bill/1678/text

[3]    Le Mont Wutong, culminant à 944m, situé dans la province de Guangdong, sur la côte, près de Shenzen, fait géographiquement face à Hong-Kong Taïwan, en mer de Chine du sud. L’expression peut ici faire référence au fait de rester les yeux fixés vers Taïwan, voire d’y intervenir.

[4] On peut supposer qu’il s’agit ici d’une référence à l’élimination par drone de Qassem Soleimani le 3 janvier 2020 par l’armée américaine

[5]    Parallèlement à l’initiative américaine, on peut également évoquer la loi adoptée à Taïwan en janvier 2020 : https://www.asie21.com/2020/03/10/taiwan-etats-unis-chine-les-etats-unis-tissent-leur-toile-pour-un-decouplage-total/#more-16985

[6]    Présidente de la République de Taïwan depuis le 20 mai 2016 et bête noire de Pékin

sexta-feira, 2 de abril de 2021

Alain Juillet no IntelNomics

Há já uns anitos, durante uma longa conversa com a equipa "intelNomics", Alain Juillet explicava com o detalhe necessário e suficiente a decisiva importância da "inteligência económica" e concluía, como é seu hábito, de forma magistral:

“Quem não tem Inteligência Económica perde sempre”

quinta-feira, 1 de abril de 2021

Que Quer o Partido Comunista Chinês do Reino Unido?

H. P. Xavier

Charlie Parton * produziu para o novíssimo Council on Geostrategy um muito interessante e muito importante relatório sobre o que o PC chinês quer do Reino Unido e o que quer que o Reino Unido seja. Seria (não é por acaso que uso o condicional...) muito oportuno se houvesse (também aqui o tempo do verbo não é ocasional...) quem tivesse (idem para o tempo do verbo...) a arte e o engenho (e o tempo, claro) de produzir um “Que Quer o Partido Comunista Chinês de Portugal?”

What the Chinese Communist Party wants from the United Kingdom?

New report out on UK-China relations from Charlie Parton written for the newly-formed Council on Geostrategy's Strong Britain Initiative. Charles Parton assesses what the Chinese Communist Party wants from the United Kingdom. What kind of country would it like Britain to be?

What the Chinese Communist Party wants from the United Kingdom | Council on Geostrategy : https://www.geostrategy.org.uk/research/what-the-chinese-communist-party-wants-from-the-united-kingdom/

* Charlie Parton spent 22 years of his 37-year diplomatic career working in or on China, Hong Kong and Taiwan. In his final posting he was seconded to the European Union’s Delegation in Beijing, where, as First Counsellor until late 2016, he focussed on Chinese politics and internal developments, and advised the European Union and its Member States on how China’s politics might affect their interests. In 2017, he was chosen as the Foreign Affairs Select Committee’s Special Adviser on China; he returned to Beijing for four months as Adviser to the British Embassy to cover the Communist Party’s 19th Congress. He is a trustee of ‘Chinadialogue’, a non-governmental organisation which focuses on China’s environmental issues.

Acabou a ilusão globalista... A geopolítica volta a governar o mundo

Durou 3 décadas o tempo da “globalização feliz”, abriu-se em Berlim e fechou-se em Moscovo. Começou com a queda de um muro e acabou com uma ...