sábado, 21 de agosto de 2021

“Para Melhor Conhecer A Geopolítica Brasileira”, pelo Coronel Mauricio França

Apresentação do editor brasileiro:

O livro "Para melhor conhecer a geopolítica brasileira" convida o leitor à compreensão dos pilares do pensamento nacional que têm, em certa medida, servido de base para a tomada de importantes decisões em nossa república. A importância de se transferir a capital federal para o interior, a necessidade de integrar a Amazônia e o posicionamento do Brasil na crise das Malvinas são exemplos de temas claramente ligados aos pensadores nacionais da geopolítica.

 


Apresentação da "Conflits", revista francesa de geopolítica:

Officier de l’armée brésilienne, étudiant à l’École de guerre en France, Mauricio França a publié un ouvrage synthétique présentant les principaux penseurs de la géopolitique brésilienne. Un ouvrage bref et dense qui permet d’entrer dans un courant de pensée très peu connu en France mais très influent au Brésil.

Conflits vous propose des recensions d’ouvrages parus à l’étranger et non encore traduits en français afin de comprendre les débats intellectuels qui s’agitent à l’extérieur de nos frontières. Hervé Théry a rédigé la préface de cet ouvrage et propose ici une recension pour Conflits.

L’auteur, le lieutenant-colonel Mauricio Aparecido França est un officier d’infanterie de l’armée brésilienne. Après avoir suivi le cursus de l’École de commandement et d’État-major de l’Armée de terre, à Rio de Janeiro, il a intégré l’École de guerre à Paris en 2017-2018. Au cours de cette année, il a aussi obtenu un master à l’École Pratique Hautes Études (EPHE) en menant des recherches sur l’évolution de la pensée géopolitique brésilienne. À son retour au Brésil il a eu des fonctions à l’État-Major, à Brasília, et depuis décembre 2019 il commande le 5e Bataillon d’Infanterie Légère, unité d’élite aéromobile.

L’idée de ce livre[1] est née au cours du master de Mauricio França, lorsqu’il a constaté que « nos auteurs sont inconnus de l’écrasante majorité des universitaires en Europe ». Il a alors décidé de combler cette lacune et de produire « une analyse approfondie des travaux considérés comme les plus représentatifs parmi les auteurs considérés comme responsables de l’introduction et de la construction d’une telle école », la géopolitique brésilienne.

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L’ouvrage porte l’empreinte de cette genèse française. On évitera de mentionner ici que le patronyme de l’auteur semblait destiné à étudier dans la patrie de Descartes, mais on peut noter qu’il a bien assimilé les modes de pensée propres à ce pays, et citer un autre auteur de la même période, Nicolas Boileau (1636-1711) qui disait « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément » (Art poétique, Chant I, v. 153-154).

En effet, le livre de Mauricio A. França est d’une admirable clarté et se lit facilement, même s’il est probable que les mots ne sont pas venus à la plume de l’auteur (ou plutôt à son clavier) aussi facilement, et qu’il a dû suivre d’autres conseils de Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage / Polissez-le sans cesse et le repolissez / Ajoutez quelquefois, et souvent effacez », pour arriver à ce texte clair et concis. Ce faisant, Mauricio França a sans aucun doute atteint son objectif, « servir de source de référence rapide aux chercheurs sur le sujet ».

Une référence sur la géopolitique brésilienne

Une autre marque française possible est l’insistance de l’auteur à établir une séquence logique entre les idées et les chapitres, ce qui est une habitude – pour ne pas dire une manie – bien française : « Les auteurs analysés ici sont décrits d’une manière qui permet une séquence logique. de leurs théories » et « il a été possible d’identifier l’enchaînement des idées entre les auteurs dans une construction claire de la pensée ».

Le corps du livre est donc formé par l’analyse du travail de cinq auteurs qui forment une véritable « école de pensée » : Everardo Backheuser (1879-1951), Mário Travassos (1891-1973), Golbery do Couto e Silva (1911-1987), Carlos de Meira Mattos (1913-2007) et Therezinha de Castro (1930-2000). Tous ont apporté de précieuses contributions à la construction de la géopolitique brésilienne, sur des sujets aussi importants – et actuels – que la cohésion interne du pays, la souveraineté brésilienne en Amazonie, le transfert de la capitale et le réseau de transport, thèmes qui, selon l’auteur, jusqu’à aujourd’hui, « sont des sources permanentes de préoccupation au Brésil ». Par exemple, Backheuser, pensant à l’ordonnancement territorial du Brésil, a suggéré, selon Mauricio França, « une réorganisation des unités fédératives dans le but d’affaiblir le pouvoir oligarchique de plusieurs États […]. De plus, il a défendu le transfert de la capitale du pays vers l’intérieur », bien avant la construction de Braslia, estimant que « théoriquement le meilleur endroit dans une capitale est le centre du pays ».

Mário Travassos, Golbery do Couto e Silva et Carlos de Meira Mattos, qui ont en commun d’avoir été membres du Corps expéditionnaire brésilien (FEB) en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, ont également apporté des idées fertiles : les « antagonismes » géographiques de l’Amérique du Sud. , le « triangle économique de l’Amérique du Sud », entre les villes boliviennes de Cochabamba, Santa Cruz de la Sierra et Sucre, l’importance de l’Amazonie comme zone stratégique, la définition de cercles prioritaires pour un Brésil qui cherche à s’affirmer comme puissance mondiale. Therezinha de Castro, qui a travaillé pendant 27 ans au Conseil National de l’Institut brésilien de Géographie et de Statistique (IBGE) avant de rejoindre l’École supérieure de guerre, a ajouté une vision originale de l’Antarctique et la thèse de la triangulation des îles de l’Atlantique Sud, qui fait d’elle « la plus importante penseuse brésilienne des mers du XXe siècle », ce qui « a influencé la position du Brésil en faveur des Argentins dans le conflit des Malouines de 1982 ».

Des penseurs influents au Brésil

L’auteur identifie donc les points communs qui marquent la construction d’une pensée véritablement nationale, en soulignant dans ce contexte le rôle des militaires, dont les idées sont encore présentes à ce jour. La lecture de son livre permet de comprendre la formation de personnalités de la scène politique nationale, qui ont été formées sous l’influence directe de la géopolitique, puisqu’une bonne partie du premier niveau du gouvernement a été formée à l’Académie militaire des Agulhas Negras. Certains ont en outre fréquenté l’Escola Superior de Guerra, véritable berceau de la pensée géopolitique brésilienne, où l’influence française était si forte qu’elle était souvent surnommée « A Sorbonne ».

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En puisant dans les grands courants de pensée antérieurs, l’allemand (déterministe), le français (possibiliste), l’anglo-saxon (au carrefour des deux autres) et sur d’autres sources, comme Arnold J. Toynbee (mise en perspective et théorie des « défis et réponses »), ils (et elle) ont réellement construit un cadre théorique capable de prendre en compte les atouts du Brésil, selon l’auteur : « sa dimension géographique qui lui confère une grande variété de ressources ; sa population, qui représente une énorme force de travail ; sa capacité technologique […] et sa cohésion interne ». Ce qui, selon Mauricio A. França, « étaient des facteurs qui justifiaient l’optimisme des auteurs ».

Leur optimisme doit être – pensons-nous – partagé par Mauricio França, on le pressent malgré la discrétion qu’il garde tout au long du livre. Cette hypothèse nous semble confirmée par les dernières lignes de l’ouvrage : « Certes, de nouveaux auteurs continueront cette chaîne d’idées, améliorant des concepts déjà figés et dépassant de loin leurs prédécesseurs. L’avenir du Brésil est arrivé ! ». Il prend ici le contrepied d’une citation, « Le Brésil, un pays d’avenir et qui le restera longtemps », dont l’origine est tantôt attribuée à Georges Clemenceau, tantôt à Charles de Gaulle, et souvent citée au Brésil. À la lecture de son livre, qui montre que les auteurs qu’il cite ont trouvé un successeur digne d’eux pour poursuivre la réflexion géopolitique sur le Brésil, on ne peut qu’être d’accord.

 

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