Bruxelas parece abandonar a sua cartilha neo-liberal (ou quase ordo-liberal...) após uma série de suicidários electrochoques e outros choques com a realidade da guerra económica gobal, há anos, em curso. O aviso angustiado de Michel Rocard tem já 28 anos, como apontam as "Notes Géopolitiques" da Grenoble École de Management.
Vingt-huit ans
après le cri d’alarme du regretté Michel Rocard, la Commission Européenne
semble avoir pris conscience – trop peu, sans doute, mais, espérons-le, à temps
– du caractère impitoyable de la guerre économique à laquelle sont confrontées
nos entreprises.
A Bruxelles, résister aux pressions chinoises et américaines n’est plus tabou…
Plusieurs électrochocs ont sonné le réveil.
D’abord, la
publication, en 2015, par le gouvernement de Beijing, de l’agenda Made in China
2025, qui est venu démontrer, que, contrairement à tous les engagements pris
par la Chine lors de son adhésion à l’OMC (2001), l’Empire du milieu n’avait
pas renoncé à subventionner massivement son industrie pour défavoriser ses
concurrents étrangers, exposés, en sus, à une appropriation tous azimuts de
leurs brevets.
Désormais, remarque
Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors, «les entreprises d’Etat
représentent près de 40% des principaux actifs industriels chinois et 80-90% de
parts de marché dans les industries stratégiques.» (Note téléchargeable ici).
D’où, en Europe comme aux Etats-Unis, un sentiment
partagé d’avoir été dupés…
Puis sont venus les rachats symboliques par des
capitaux chinois de l’allemand Kuka, leader mondial en robots industriels
(2016) puis, en 2018, du français Linxens, fabricant non moins réputé de
microconnecteurs de cartes à puces.
Deux cas d’école
qui auraient pu se solder autrement si l’Europe avait disposé d’un mécanisme de
régulation des investissements étrangers.
Enfin et surtout,
l’arrivée de Donald Trump a coïncidé avec un renforcement de l’unilatéralisme
juridique américain à base de protectionnisme à géométrie variable et de
sanctions économiques modifiant brutalement la règle du jeu dans plusieurs
régions du monde…
Un document européen qui fera date
Confrontée à cette
accumulation de signaux négatifs, la Commission de Bruxelles a publié, le 12
mars dernier, un document inimaginable voici encore trois ans.
Intitulé "La
politique industrielle après Siemens-Alstom: trouver un nouvel équilibre entre
ouverture et protection", ce rapport, rédigé par les experts du Centre européen
de stratégie politique (CESP) se veut une réponse au double défi de l’America
first et – surtout – du Made in China 2025.
La Chine y est en effet désignée pour la première fois
comme «un concurrent dans la course à la domination technologique et un rival
systémique dans la promotion d’autres modèles de gouvernance».
On note même une
inhabituelle tendance au mea culpa chez les rédacteurs de ce rapport.
Constatant «un sentiment palpable que l’Europe risque d’être reléguée si elle
ne réagit pas d’urgence», les auteurs constatent que celle-ci n’a peut-être
«pas fait assez pour se préparer à la numérisation et à une concurrence
croissante, en particulier asiatique» et qu’elle se trouve désormais confrontée
à des concurrents qui «ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu», au point
que «l’ouverture de l’Europe est utilisée contre ses propres intérêts
stratégiques».
Autre innovation,
qui vaut autant pour les rapports avec la Chine que pour les relations avec les
Etats-Unis: les experts de la Commission prônent désormais que toute
négociation commerciale avec l’extérieur doit s’ouvrir sous l’égide du principe
de réciprocité, clé de voûte du droit international classique que Bruxelles semblait,
jusqu’alors, avoir subrepticement relégué aux oubliettes.
Ainsi de l’accès
aux marché publics, dont le document rappelle qu’il est soumis, en Europe, à
des règles transparentes et en Chine… quasiment interdit aux non-Chinois.
Conclusion: le commerce
mondial doit devenir «une route à double sens» qui exige des Européens d’être
«beaucoup moins naïfs face à la concurrence déloyale d’autres pays».
Voici qui implique
deux séries de mesures: défensives en matière juridique, afin de bloquer les
investissements inamicaux, comme les Américains l’ont fait au début de l’année
en s’opposant au rachat par Alibaba (via Ant Financial) du prestataire de
paiement en ligne Moneygram, refus motivé par la crainte de voir le géant
chinois aspirer les données personnelles financières de millions de
consommateurs américains; et offensives via une politique européenne ambitieuse
en matière de recherche et d’innovation.
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