quarta-feira, 29 de maio de 2019

A sonolenta Bruxelas parece ter, finalmente, acordado para a guerra económica em curso


Bruxelas parece abandonar a sua cartilha neo-liberal (ou quase ordo-liberal...) após uma série de suicidários electrochoques e outros choques com a realidade da guerra económica gobal, há anos, em curso. O aviso angustiado de Michel Rocard tem já 28 anos, como apontam as "Notes Géopolitiques" da Grenoble École de Management.


Vingt-huit ans après le cri d’alarme du regretté Michel Rocard, la Commission Européenne semble avoir pris conscience – trop peu, sans doute, mais, espérons-le, à temps – du caractère impitoyable de la guerre économique à laquelle sont confrontées nos entreprises.

A Bruxelles, résister aux pressions chinoises et américaines  n’est plus tabou…


Plusieurs électrochocs ont sonné le réveil.

D’abord, la publication, en 2015, par le gouvernement de Beijing, de l’agenda Made in China 2025, qui est venu démontrer, que, contrairement à tous les engagements pris par la Chine lors de son adhésion à l’OMC (2001), l’Empire du milieu n’avait pas renoncé à subventionner massivement son industrie pour défavoriser ses concurrents étrangers, exposés, en sus, à une appropriation tous azimuts de leurs brevets.

Désormais, remarque Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors, «les entreprises d’Etat représentent près de 40% des principaux actifs industriels chinois et 80-90% de parts de marché dans les industries stratégiques.» (Note téléchargeable ici).

D’où, en Europe comme aux Etats-Unis, un sentiment partagé d’avoir été dupés…


Puis sont venus les rachats symboliques par des capitaux chinois de l’allemand Kuka, leader mondial en robots industriels (2016) puis, en 2018, du français Linxens, fabricant non moins réputé de microconnecteurs de cartes à puces.

Deux cas d’école qui auraient pu se solder autrement si l’Europe avait disposé d’un mécanisme de régulation des investissements étrangers.

Enfin et surtout, l’arrivée de Donald Trump a coïncidé avec un renforcement de l’unilatéralisme juridique américain à base de protectionnisme à géométrie variable et de sanctions économiques modifiant brutalement la règle du jeu dans plusieurs régions du monde…

Un document européen qui fera date

Confrontée à cette accumulation de signaux négatifs, la Commission de Bruxelles a publié, le 12 mars dernier, un document inimaginable voici encore trois ans.

Intitulé "La politique industrielle après Siemens-Alstom: trouver un nouvel équilibre entre ouverture et protection", ce rapport, rédigé par les experts du Centre européen de stratégie politique (CESP) se veut une réponse au double défi de l’America first et – surtout – du Made in China 2025.

La Chine y est en effet désignée pour la première fois comme «un concurrent dans la course à la domination technologique et un rival systémique dans la promotion d’autres modèles de gouvernance».

On note même une inhabituelle tendance au mea culpa chez les rédacteurs de ce rapport. Constatant «un sentiment palpable que l’Europe risque d’être reléguée si elle ne réagit pas d’urgence», les auteurs constatent que celle-ci n’a peut-être «pas fait assez pour se préparer à la numérisation et à une concurrence croissante, en particulier asiatique» et qu’elle se trouve désormais confrontée à des concurrents qui «ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu», au point que «l’ouverture de l’Europe est utilisée contre ses propres intérêts stratégiques».

Autre innovation, qui vaut autant pour les rapports avec la Chine que pour les relations avec les Etats-Unis: les experts de la Commission prônent désormais que toute négociation commerciale avec l’extérieur doit s’ouvrir sous l’égide du principe de réciprocité, clé de voûte du droit international classique que Bruxelles semblait, jusqu’alors, avoir subrepticement relégué aux oubliettes.

Ainsi de l’accès aux marché publics, dont le document rappelle qu’il est soumis, en Europe, à des règles transparentes et en Chine… quasiment interdit aux non-Chinois.

Conclusion: le commerce mondial doit devenir «une route à double sens» qui exige des Européens d’être «beaucoup moins naïfs face à la concurrence déloyale d’autres pays».


Voici qui implique deux séries de mesures: défensives en matière juridique, afin de bloquer les investissements inamicaux, comme les Américains l’ont fait au début de l’année en s’opposant au rachat par Alibaba (via Ant Financial) du prestataire de paiement en ligne Moneygram, refus motivé par la crainte de voir le géant chinois aspirer les données personnelles financières de millions de consommateurs américains; et offensives via une politique européenne ambitieuse en matière de recherche et d’innovation.



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