Esta
solução francesa (de que o nosso amigo Franck DeCloquement é um dos proponentes) pode ou não ser adequada a Portugal mas esta problemática estratégica
(que em Portugal é ainda mais grave do que em França) tem de ser discutida com
toda a urgência. E, claro, não poderemos ficar pela discussão... Precisamos mesmo de
desenvolver uma estratégia nacional do digital. Esperemos que António Costa e Silva pense nisso...
Pour
un ministère du Numérique à la hauteur de nos enjeux
Publié le 25/06/2020 à 12:00 | Le Point.fr
TRIBUNE. Hackers, députés, dirigeants d'entreprises, experts… 54
personnalités appellent le gouvernement à bâtir une véritable stratégie
numérique nationale.
"Il est temps pour nous de déconfiner notre économie et notre société et, probablement, les esprits avec. Alors que le bilan de cette crise sanitaire s'ouvre, la vague des répercussions économiques approche et nous devons, dès aujourd'hui, anticiper le troisième temps de cette crise, qui sera numérique.
Tout au long de la crise, le numérique est devenu la ligne de vie de notre société et de nos entreprises. Qu'il s'agisse d'interagir avec ses proches, de permettre aux chaînes d'approvisionnement de maintenir une activité essentielle ou encore d'optimiser la gestion opérationnelle de la crise, le numérique a fait la preuve de son caractère stratégique et vital, tout en démontrant sa résistance aux chocs. La numérisation que nous connaissions avant la crise va désormais s'amplifier, assurons-nous que ce soit pour le meilleur.
Tout au long de la crise, le numérique est devenu la ligne de vie de notre société et de nos entreprises. Qu'il s'agisse d'interagir avec ses proches, de permettre aux chaînes d'approvisionnement de maintenir une activité essentielle ou encore d'optimiser la gestion opérationnelle de la crise, le numérique a fait la preuve de son caractère stratégique et vital, tout en démontrant sa résistance aux chocs. La numérisation que nous connaissions avant la crise va désormais s'amplifier, assurons-nous que ce soit pour le meilleur.
Une
entrée brutale dans le XXIe siècle numérique
En effet, du meilleur au pire, il n'y a qu'un
pas, et nous ne devons pas le franchir. La crise a mis en lumière l'importante
dépendance française et européenne aux infrastructures, applications ou
solutions numériques de pays tiers, tant au niveau de la capacité d'accès à ces
solutions que de leur cybersécurité. Cela doit nous interpeller et nous
conduire à réfléchir aux conséquences de notre absence de maîtrise sur
l'ensemble des maillons des chaînes de valeur du numérique. Qu'adviendrait-il
si nous nous retrouvions privés de tout ou partie de notre système nerveux ?
Il est donc urgent de repenser nos priorités
et de placer la sécurité numérique au cœur de notre stratégie. Le numérique est partout et déploie ses applications dans tous les
domaines. Vision transversale et action globale deviennent alors les meilleurs
outils d'une véritable transformation numérique de la société.
L'État doit s'engager sans délai dans une politique inclusive
d'éducation des citoyens
Déconfiner les esprits, c'est réussir à ne
plus penser et agir en silos. Il faut appréhender la confiance numérique comme
un tout, et non comme une addition de mesures sectorielles. Aujourd'hui, souveraineté numérique et autonomie stratégique en Europe
sont au cœur de tous les débats politiques. Il
nous faut avoir une véritable action stratégique nationale et européenne pour
bâtir les conditions d'une souveraineté́ technologique ancrée sur nos domaines
d'excellence industriels et académiques.
Bien sûr, reprendre le contrôle sur l'ensemble
de la chaîne de valeur n'appelle pas une politique d'achat exclusivement
nationale ou européenne, mais suppose, pour les composants clés, de s'équiper
avec des produits et solutions de confiance et garantir qu'ils pourront être
utilisés conformément à leur destination. Cela
implique d'atteindre un niveau d'excellence mondial rendant la technologie
européenne incontournable sur certains éléments afin de garantir une position
stratégique dans les situations de dépendance mutuelle. La concrétisation du
marché unique numérique devient donc vitale.
L'État doit ainsi s'engager sans délai dans
une politique inclusive d'éducation des citoyens, tant pour les usages personnels
que professionnels, mais aussi de formation des professionnels du secteur. Ce
rehaussement général des compétences est un prérequis essentiel pour notre
cybersécurité collective. La compréhension du monde
numérique est un outil de souveraineté comme d'employabilité. Pour rappel,
l'OCDE estime que 33 % des emplois seront impactés de façon brutale par les
mutations numériques. S'y préparer aujourd'hui,
c'est assurer notre autonomie demain.
5G, Intelligence artificielle, cybersécurité
L'identité numérique est le premier maillon de
cette reconquête. S'assurer qu'émetteur et récepteur sont bien ceux qu'ils
prétendent, que le message transmis est bien celui qui a été émis, est la base
de toute sécurité. C'est ainsi qu'il nous faut créer de la confiance, là où
règne aujourd'hui la défiance. Cette identité numérique s'applique en premier
lieu à l'identité régalienne. L'état civil est dans le cyberespace européen le
terrain de jeu d'acteurs sur lesquels nous n'avons aucun contrôle. Se
réapproprier l'identité numérique, c'est se réapproprier l'exercice du droit,
outil de souveraineté. De plus, au-delà de l'aspect régalien, chacun
s'identifie quotidiennement pour de nombreux usages numériques. Il est essentiel, ici encore, d'assurer un niveau adapté de sécurité à
tous ces processus d'identification et d'authentification, tout en maintenant
leur simplicité d'utilisation.
Les données, tant personnelles
qu'industrielles, sont le deuxième maillon stratégique de notre chaîne de
souveraineté. Au cœur de la création de valeur, elles sont transmises
instantanément et localisées en tout point du globe, bouleversant ainsi les
notions de frontières et de juridiction. Plusieurs États, capitalisant sur leur
domination technologique, cherchent à étendre leur influence en marge du droit
international. L'enjeu géopolitique est majeur et l'influence
de chaque État se mesure désormais à sa capacité à maîtriser les technologies
et les standards qui sous-tendent le numérique et ses applications. Nous
pensons naturellement aux défis posés par l'informatique quantique, la
cryptographie, la 5G, la nanoélectronique, l'intelligence artificielle, la
blockchain, le cyber-maritime, le spatial… La
puissance est là, dans le cyberespace et sur ces technologies, et nombreux sont
les gouvernements qui l'ont compris.
Enfin, la cybersécurité est le troisième
maillon essentiel d'un numérique de toute confiance. Les Européens doivent
assurer à leurs citoyens une numérisation de toutes les activités sans
explosion des risques ni exposition déraisonnée aux menaces et aux attaques,
toujours plus sophistiquées. La connectivité
croissante des activités, des personnes, des territoires et des objets doit
impérativement s'appuyer sur nos atouts historiques et être pensée et
coordonnée au niveau européen. L'enjeu est crucial.
Accélérer, ici et maintenant
Les crises majeures ont pour effet d'accélérer
des dynamiques préexistantes. Beaucoup de choses ont été faites ou sont en
cours dans notre pays, et en Europe. Sur l'identité numérique,
la cybersécurité et la maîtrise des données, nous avons de solides bases sur
lesquelles nous pouvons utilement construire la voix (et même une voie)
européenne. Pour autant, il est désormais primordial d'engager l'effort et de
mettre ces différentes initiatives en cohérence. Cette cohérence conditionne à
la fois l'efficience des futurs développements mais aussi leur sécurité.
Anticipation et résilience doivent guider ces réflexions.
Par conséquent, la création d'un ministère du
Numérique, de plein exercice, déployant une action interministérielle en lien
avec l'ensemble des Ministères, refléterait l'omniprésence du numérique. Cette
synergie est indispensable à la conduite d'une action efficiente, dans notre
contexte budgétaire contraint. La priorité des priorités sera d'y regrouper les
initiatives déjà existantes et de les intégrer dans cette stratégie nationale
et européenne, tant les enjeux dépassent le cadre national. Dans cette
stratégie articulée autour du triptyque sécurité, souveraineté et influence, ériger
l'indépendance technologique sur les briques essentielles de la chaîne de
confiance sera le premier pilier de notre réussite.
Nous, Parlementaires, start-up, PME et ETI et
acteurs du numérique, croyons en la possibilité d'une République numérique de
confiance et inclusive, fondée sur les deux piliers que sont les Libertés
publiques et individuelles et la Sécurité. Ce projet s'étend par nature à
l'ensemble des actions publiques et des activités privées. Nous disposons de tous les atouts industriels et d'une excellence
reconnue dans plusieurs domaines essentiels pour faire entrer notre pays dans
un cyberespace maîtrisé. Dans cet espace, une
vision holistique de la confiance numérique nous permettra de faire valoir nos
valeurs et notre souveraineté, et de les défendre. C'est à cette condition que
notre société sortira grandie de cette crise, armée pour la prochaine et prête
à y faire face."
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