Nicolas Moinet volta a “Les sentiers de la guerre économique”, agora dedicado ao ‘soft power’, depois de ter dedicado o anterior à ‘L’École des Nouveaux Espions’. O ponto de observação de Moinet, a sua “sala de mapas” (como diria o comandante Virgílio de Carvalho), é em França e – the place matter – isso está bastante patente no seu trabalho. A problemática, porém, é global, como não poderia deixar de o ser. Uma leitura muito recomendável a todos os que gostam de saber e conhecer o mundo em que estamos e vivemos. A Conflits, revista francesa de geopolítica, faz a apresentação do trabalho de Moinet.
“Les sentiers de la guerre économique”, Volume 2, "soft powers"
Auguste Lesage | Conflits | 14 février 2021
Les conflits armés ont été le lieu primordial de l’expression de la domination d’un état sur un autre jusqu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci terminée, la Guerre froide et l’évolution des mœurs ont mené les sociétés occidentales à vouloir éviter toute confrontation armée entre alliés. Une domination militaire n’étant dès lors plus envisageable, il a fallu trouver des moyens plus subtils pour les états d’exercer leur empirisme. “Les sentiers de la guerre économique” se propose de livrer une analyse sur ces formes sous-jacentes de lutte pour la suprématie, qui passe notamment par les «softs powers».
Nicolas Moinet, en partant de la définition du «soft power», décrit l’histoire et l’évolution de celui-ci. De fait, le soft power est aujourd’hui considéré plutôt comme de l’influence culturelle liée à l’histoire d’un pays. On peut citer en exemple la prolifération des fast-foods sur l’ensemble du globe à cause de l’hyperpuissance américaine dans la deuxième moitié du XXe siècle. Cette perception est pourtant très réductrice de ce qu’est vraiment le soft power. Ce dernier rejoint tout à fait la notion de «guerre économique». Christian Harbulot, dans Les cahiers de la guerre économique, la définit comme «un mode de domination qui évite de recourir à l’usage de la force militaire pour imposer une suprématie durable»: nos sociétés post-modernes n’acceptent plus la guerre et son utilisation. Les états doivent donc trouver d’autres moyens pour asseoir leur domination.
Celle-ci va ainsi s’épanouir par la «ruse»: entreprises, institutions internationales, compagnies pétrolières et gazières, enseignement supérieur… et influence culturelle. Considérer cette dernière comme la seule marque d’un soft power revient à ne considérer qu’un moindre pan d’un système bien plus complexe. C’est, comme le dit l’adage, l’arbre qui cache la forêt.
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L’auteur s’attarde sur la lutte des états qui se rachètent des compagnies. On peut citer le cas de Gemplus, entreprise française de cartes à puces rachetée dans les années 2000 par un fonds d’investissement américain: simple tractation boursière ou bien appropriation de technologie? La crise dans laquelle sera jetée Gemplus suite à ces opérations pointera du doigt ces faits. L’industrie pharmaceutique est aussi visée par ce soft power qui s’exerce à tous les échelons de la société. La société de médicaments Lundbeck fut notamment la victime de plusieurs sabotages et éclaboussée de scandales médiatiques, le but de ces tractations étant de jeter le discrédit sur la branche française de cette entreprise, afin de récupérer le monopole de la production de médicaments. «Des mœurs de voyou en col blanc» comme le note le journaliste d’investigation Ali Laïdi.
La lutte pour les entreprises pharmaceutiques a non seulement un objectif d’influence, parce qu’elle permet d’être en avance sur le plan médical par rapport aux nations concurrentes, mais aussi un objectif économique, puisque c’est un marché florissant. Certaines compagnies vont même jusqu’à démocratiser des maladies afin de pouvoir vendre un remède à celle-ci: lorsque dans les années 1950, est synthétisée la molécule active dans les anti-dépresseurs, la dépression était considérée comme trop rare pour que ce médicament soit rentable. Quelques études plus tard, la presse s’est saisie de ce trouble mental qui est devenu vers 1960 le plus répandu qui soit.
Une autre forme de soft power dont traite cet ouvrage concerne le domaine universitaire. La «fuite des cerveaux» français aux États-Unis permet à ces derniers de profiter de notre élite professorale. L’enseignement supérieur américain cherche absolument à attirer des docteurs français, considérés comme les mieux formés.
L’auteur propose d’examiner ce fait plus en détail en comparant le système scolaire anglo-saxon (dont on retrouve l’héritage aux États-Unis) et le système scolaire français. La France est une «raffinerie», qui produit des étudiants très qualifiés, compétents et cultivés, mais en petite quantité, aux dépens du grand nombre, tandis que le système anglo-saxon est plutôt une «pépinière», dont le but est de faire éclore tous ceux qui lui sont confiés. Les pays anglo-saxons attirent donc les diplômés français parce qu’ils ont des qualifications, des compétences et une culture générale de très haut niveau.
De plus, alors qu’on ne connaît que très peu les éminents professeurs français, les universitaires américains bénéficient d’une reconnaissance au niveau national. Tous ces aspects sont la manifestation d’une forme de soft power, qui permet aux états qui l’utilisent de bénéficier des services de personnes très qualifiées, aux dépens du pays qui les a formées.
Nicolas Moinet explique bien d’autres aspects liés aux soft powers, par exemple le rôle de l’écologie, l’influence des lobbies, ou encore des «think tanks». Chaque fait international apparaît alors comme la volonté d’exercer une influence sur le reste du monde: la France semble la grande perdante de ce jeu sous-jacent.
Cette œuvre rend accessible ces enjeux en les décrivant et en les expliquant.